Norfolk : « C'est comme si on revenait à l'époque coloniale », dénonce un élu britannique

Le groupe Peuple pour la démocratie a déposé une pétition aux Nations unies. C'est ce groupe qui a invité les élus britanniques dans l'île.
Des parlementaires britanniques sont à Norfolk, cette semaine. Ils ont répondu à l'invitation de militants pro-autonomie, qui regrettent que leur île soit revenue dans le giron de l'Australie, le 1er juillet dernier. 
Ces élus du parti conservateur et du parti travailliste présenteront un rapport à la Chambre des communes à leur retour, mais il ne s'agit pas d'une visite officielle du gouvernement britannique, souligne le député conservateur Andrew Rosindell :
 
« Nous ne sommes ici que pour célébrer notre amitié avec les habitants de Norfolk, pour travailler avec eux, mais aussi avec le gouvernement australien - nous allons rencontrer l'administrateur (le représentant de Canberra, NDLR). Après tout, l'île de Norfolk était une colonie britannique, on se sent responsables vis-à-vis des gens d'ici, on ne va pas les abandonner. »
 
Située à 1 600 km au nord-est de Sydney, entre la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande, l'île de Norfolk a été placée sous l'autorité de l'Australie en 1913. Des décennies plus tard, en 1979, les Norfolkiens, dont beaucoup sont des descendants des habitants de Pitcairn, héritiers des mutinés de la Bounty, ont obtenu l'autonomie. L'île avait son Parlement et ses propres lois - pas d'impôt sur le revenu, pas de retraite ni de sécurité sociale.
 
Mais le territoire n'a pas été bien géré, d'après Canberra. Le gouvernement australien a donc décidé, l'an passé, de reprendre la main. L'île est directement gouvernée par l'État de Nouvelle-Galles-du-Sud, avec pour mission d'offrir aux Norfolkiens les mêmes services de base (santé, éducation, justice) qu'à Sydney ou Newcastle, par exemple.
 
Une perte d'autonomie contre laquelle s'est battue une partie des habitants. Ils continuent, d'ailleurs, de protester, notamment devant les Nations unies. Et cette semaine, ils reçoivent donc des parlementaires britanniques qui leur sont favorables. Andrew Rosindell affirme ainsi que les difficultés financières de l'île ne justifient pas la fin de son autonomie :
 
« Nous sommes aussi passés par là, avec nos territoires. Quand ils font face à des problèmes économiques, on ne reprend pas le contrôle, on les aide à atteindre la viabilité économique. Ce n'est pas le genre de choses auxquelles on s'attend en 2016, c'est comme si on revenait à l'époque coloniale, et je comprends tout à fait que les gens de Norfolk ne soient pas ravis. »
 
Il faut toutefois préciser que la population est divisée. Certains habitants sont favorables au retour de l'île dans le giron australien.