Non, la question n'a pas tranchée lundi. Le Congrès avait à son ordre du jour la lourde responsabilité d'instaurer, ou pas, l'obligation vaccinale pour toute personne arrivant en Nouvelle-Calédonie. Mais après la très longue lecture du rapport de commission, et après une suspension de séance sollicitée par Pierre Chanel Tutugoro, l'hémicycle a été unanime pour demander davantage de temps.
Motion préjudicielle
Cela a été fait sous la forme d'une motion préjudicielle annoncée par Virginie Ruffenach en début de nuit. "Nous avons eu plusieurs échanges entre l'ensemble des groupes politiques du Congrès, et des élus", a déclaré la présidente du groupe Avenir en confiance. "Nous avons besoin d'un peu de temps et de concertation pour avoir un travail concerté et consensuel sur ce sujet majeur."
Par conséquent, a-t-elle poursuivi, "nous souhaitons renvoyer devant une commission du Congrès (…) le texte abordé ce soir et les amendements qui devaient être déposés. De façon à avoir un débat entre nous, élus du Congrès, et aboutir à un consensus sur ce sujet très important".
Soutenue par toutes les formations
Puisque cette intention a été verbalisée par une voix non indépendantiste, elle a été confirmée par les autres sensibilités de l'hémicycle. Pierre-Chanel Tutugoro a parlé au nom des indépendantistes.
"C'est un enjeu, un dossier, importants", a dit le chef du groupe UC-FLNKS et Nationalistes avec EO. "Le sas sanitaire est mis à mal. On a compris la réaction du gouvernement par le texte qui a été proposé. On a essayé de contribuer (…) pour que tout le monde puisse [le] porter (…) Et on s'est entendus sur la procédure qui allait être engagée (…) pour qu'on puisse définitivement, ensemble, porter quelque chose de consensuel pour le bien-être de nos populations, d'ici vendredi."
Veylma Falaeo a aussi pris la parole, pour exprimer "la voie médiane" de l'Eveil océanien : "Prendre le temps pour construire le choix le plus censé, et surtout tous ensemble, est nécessaire et avisé", a-t-elle conclu.
Salué par le président du gouvernement
Cette position commune a été saluée par le président de l'exécutif. "C'est l'union sacrée au sein du gouvernement, sur cette question", a insisté Louis Mapou. Motion adoptée, a enfin confirmé le président du Congrès, Roch Wamytan. "En conséquence, le projet de délibération est renvoyé en commission plénière de jeudi 2 septembre".
Ecoutez le compte-rendu radio de Louis Perin :
L'obligation vaccinale reportée
Conférence de presse commune
Dans la foulée, une conférence de presse commune a été annoncée pour ce mardi, à 10 heures, en petite salle de commissions. Elle se fera en présence de Virginie Ruffenach, Pierre Chanel Tutugoro, Jean-Pierre Djaïwe et Philippe Michel. C'est-à-dire les quatre présidents des groupes présents boulevard Vauban. S'il devrait être question de ce projet de délibération, "le sujet sur l’obligation vaccinale pour tous sera également évoqué à cette occasion", annonce l'invitation aux médias.
Double mobilisation contre le projet de texte
Ce projet de délibération - qui n'a donc pas été mis au vote - était attendu au tournant. Le syndicat Force ouvrière CSTC et le collectif RéinfoCovid NC ont même tenu à exprimer leur opposition. Ils ont marqué leur présence toute la journée à proximité du Congrès.
Les syndicalistes présents se disaient inquiets. Pour eux, un tel texte est une porte ouverte sur la vaccination obligatoire pour tous. Ils craignent que cela amène dans le futur à des licenciements de travailleurs non vaccinés.
Le collectif Réinfocovid, qui s'est également mobilisé, déplore quant à lui que le gouvernement ne propose qu'une stratégie face au virus : la vaccination. Dans les rangs, des anti-vaccins mais aussi des personnes vaccinées, tous contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale. Plusieurs pétitions ont été signées sur place.
Des images de Nicolas Fasquel :