PORTRAIT. Basket-ball : le rêve américain de Kadjali Biola

Le Calédonien Kadjali Biola joue en Prep School à la 212 Academy de Sarasota.
Passé par la JS Vallée-du-Tir, Kadjali Biola, vit désormais aux États-Unis. Le jeune basketteur espère intégrer la première division du championnat universitaire NCAA. De retour en Nouvelle-Calédonie, il raconte son parcours jalonné de nombreuses étapes et incertitudes.

Retour aux sources à Sainte-Marie. Face à la mer, Kadjali Biola enchaîne les dribbles et les jump shots sur le playground du quartier où il a usé ses premières paires de baskets.

J'habitais juste à côté, au Faubourg-Blanchot et je venais jouer ici. Je n'aurais jamais pensé petit que je serais capable de dunker un jour sur ces paniers

Kadjali Biola, basketteur à Sarasota, en Floride

Il en profite, aussi, pour passer tranquillement quelques dunks. Kajdali Biola porte aujourd'hui le maillot de la 212 Academy à Sarasota, en Floride. Ce jeune basketteur de 19 ans, plein d'espoir, s'est fait recruter dans cette Prep School, un établissement secondaire où les étudiants sont préparés à intégrer les meilleures universités américaines.

Un quotidien centré sur le basket

En Floride, son quotidien est centré sur une seule et même chose. "Je me lève et je commence par de la musculation puis des séances individualisées. L'après-midi, ce sont les entraînements collectifs. On joue deux à trois matchs par semaine", explique le deuxième arrière ou petit ailier. Rapide, il aime shooter de loin, mais sait aussi se mettre au service du collectif. Il est devenu un joueur plus complet, lui qui n'était pas prédestiné à taquiner la balle orange.

Inséparables tout au long de son parcours en métropole, Kadjali et son père Jean-Michel ont beaucoup partagé lors des déplacements du basketteur en France.

De la JSVDT à la Tony Parker Academy, "au culot"

"Dans notre famille, du côté de ma femme, c'est plutôt le handball, alors on l'a orienté plus jeune vers le club de Dumbéa. Son oncle, Albert Chambonnier, lui a appris des techniques de course", raconte son père, Jean-Michel. Le meilleur ami de son fils, Ethan, dévie finalement sa trajectoire sportive. "Il m'a introduit dans le milieu du basket. Je l'ai essayé en UNSS avant de suivre des stages à la JS Vallée du Tir. En 2019, j'ai rejoint le club et joué mes premiers matchs". Sous les ordres d'Eric Saminadin, commence un nouvel apprentissage.

Je suis tombé amoureux de cette pratique et en milieu d'année, j'ai décidé de tenter l'aventure sport-étude en métropole.

Kadjali Biola

Le début d'un projet assez fou. Sans référence, sans véritables contacts sur place, il part frapper aux portes du monde professionnel, accompagné de son père, parti lui poursuivre sa carrière professionnelle dans l'enseignement dans le nord-Isère. Après un essai infructueux à Bourg-en-Bresse, Kadjali en obtient un autre chez les moins de 17 ans de l'ASVEL coachés par Jhonny Ajax. Il est ensuite orienté vers la Tony Parker Academy, repéré par l'ex-international tricolore, Pierre Bresssant, décidé à lui offrir une bourse. Au fil des ans, le jeune Calédonien se retrouve à jouer pour la structure, mais aussi chez les U18 et les U20 de Lyon-Villeurbanne. 

Denain en Pro B, et un camp de basket en Grèce

"On a vécu le COVID et on s'est retrouvé à vivre ensemble en métropole. Je l'ai accompagné dans ses différents matchs. Il a vécu une montée en Nationale 3 avec la formation qui évoluait en pré-national. On passait beaucoup d'heures sur la route à discuter, parler basket, partager victoires et défaites. Cela nous a rapproché", témoigne son père. Si il n'est pas intégré au centre de formation de Lyon-Villeurbanne, l'aventure se poursuit dans le Nord de la France où Aymerick Collignon et Denain, en deuxième division française, lui proposent un contrat de formation sur deux ans. Le 24 février 2024, il claque 25 points lors d'une défaite contre Aix-Maurienne avec les moins de 21 ans. Le 20 avril, il en passe 13 contre Evreux.

Kadjali Biola avec les moins de 21 ans de Denain (5e en partant de la droite).

Sur plus de vingt matchs joués, il se distingue aussi par une belle activité défensive cumulant près de deux interceptions en moyenne. Un rendement intéressant qu'il doit aussi au travail spécifique qu'il réalise avec son coach particulier : Tommy Davis. L'ancien joueur professionnel américain le fait notamment progresser sur son shoot et ses appuis. Au bout d'un an, il lui propose, avec l'accord de son club, de participer à un camp international en Grèce. "Il y avait d'autres joueurs européens, venant des pays de l'Est, de Grèce et quelques Français. Pour moi, c'était l'opportunité de partir aux États-Unis. Cela m'a motivé à fond. Je me suis lâché et j'ai fait en sorte de montrer tout ce que j'avais dans mon sac à dos de basketteur. Ca m'a permis de décrocher une bourse". Direction la Floride, et la ville de Sarasota.

212 degrés, quand l'eau bouillante se transforme en vapeur

Dans le sud-est américain, il découvre la Prep School de la Two Twelve Academy. Elle a vu passer quelques sérieux clients ces dernières années comme l'arrière Anfernee Simons ou l'ailier Jonathan Isaac, tous deux en NBA à Portland et Orlando. 212, c'est le dégré fahrenheit à partir duquel l'eau bouillante se transforme en vapeur. Une référence affichée comme un message : ici, on doit produire les efforts supplémentaires qui permettent de transformer les performances individuelles en force motrice pour l'équipe. Kadjali s'y trouve comme un poisson dans l'eau. "Mon quotidien, ce n'est que du basket. Il n'y a pas d'école. C'est une classe préparatoire centrée sur le sport, une transition entre le lycée là-bas et l'université. Cela concerne ceux qui n'ont pas décroché de bourse universitaire", détaille l'extérieur.

Kadjali Biola sur les réseaux sociaux de son Academy.

Son père : son coach mental

Assis à côté de son père sur un banc de la maison de quartier de Sainte-Marie, les deux hommes regardent sur un ordinateur les meilleures actions de Kadjali avec son équipe de Sarasota. Catch and shoot, contre-attaque rapide qu'il termine altruistement par une passe décisive plutôt que de terminer en solo, rebond autoritaire sous son cercle, le Calédonien dévoile sa panoplie. "Il est déterminé, sa motivation est sans faille malgré les difficultés. Sur le plan sportif, il est très athlétique, très rapide, il a le sens du jeu et celui de l'équipe. Il sait donner le maximum et mettre les autres en valeur, et je trouve que ce sont de belles qualités", analyse Jean-Michel. La complicité entre eux est toujours là. 

"Il n'est pas un spécialiste de la discipline, mais il m'a énormément aidé sur le plan mental. Il y a souvent des moments durs, des moments de doute dans la vie d'un athlète. Il a toujours été présent et continue de l'être. C'est une bonne relation qu'on a su développer", juge le fils. Un soutien familial omniprésent. Sa soeur, sa mère, sa grand-mère et des cousins étaient à quelques mètres d'eux durant l'interview. Fiers d'un parcours atypique et plein d'ambition. Prochain objectif : intégrer une équipe du championnat universitaire américain, la NCAA, en première division.