Né dans le Port-Vila des années 60, le musicien a grandi à Ambae d’où sa famille est originaire, puis à Santo et Pentecôte. Entre légendes attachées à son île natale, initiation à la guitare et ritournelles colportées par le tourne-disque parental, Henry se forge dès l’enfance une culture singulière, autant nourrie par les mythes locaux que les échos en provenance de lointains horizons.
Ça nous fait sortir de notre vie de tous les jours. Quand on nous parle de Tagaro par exemple, chez nous à Ambae. Comment l’île a été créée – la pirogue renversée qui est devenue notre île… c’est incroyable ! […] Tous ces héritages du passé, il faut aller les chercher. On a des personnes de ressource, on les appelle des vieux banians : quand ça tombe, ça part !
Boe, musicien
Très tôt, ses goûts musicaux ignorent les distances et les effets de mode : à l’aube des années 80, ses camarades du Malapoa College à Port-Vila surnomment Boe le Beatle maniac born late ! Le jeune mélomane est en effet fan du célébrissime groupe de Liverpool... séparé depuis déjà une décennie. Cette inspiration à la croisée des genres nourrira le style du groupe Tropic Tempo que Henry intègre dans les années 90. Ainsi le guitariste, claviériste et arrangeur polyglotte participe à la sortie de l’album Vois blong ol bumbu, mixé au studio Mangrove à Nouméa, contribuant à faire connaître le groupe à l’international. De cette époque date une profonde amitié avec Kiki Karé, que Boe retrouvera des années plus tard sur le Caillou juste avant sa disparition précoce en 2008. "J’ai eu la chance de le rencontrer, et d’avoir assez de temps pour me connecter avec un grand homme…"
Une expérience aux Etats-Unis
En 2000, la troupe de Tropic Tempo est invitée à se produire à Orlando, aux USA. Suite à cette expérience – quelque peu amère –, les chemins de Boe et des musiciens bifurquent au moment du retour. Direction la France pour l’aventurier. Parti pour trois mois, il vivra sept années à Troyes, dans l’Est de la France. C’est là-bas qu’il apprendra le français, obtiendra un diplôme en menuiserie… puis deviendra animateur d’une maison de quartier au contact d’enfants sénégalais, maliens, ou réfugiés de la guerre du Kosovo.
Depuis 2007 dans le Grand Nouméa, Boe cultive sa passion au contact de publics handicapés ou de tout-petits, bricolant des instruments, interprétant des comptines du Pacifique et d’ailleurs pour ses séances d’éveil musical. "Pendant mon passage d’une heure, si je peux apporter un autre regard que ce que tu as l’habitude de voir avec tes parents ou ton entourage, je pense que j’aurais fait quelque chose d’utile..." lâche-t-il avec autant d’humilité que de conviction.