Quand on lui demande dans quelle mesure il est inspiré par son "animal totémique d’études", Malik répond dans un sourire : "peut-être [quand on] se laisse porter par le vent, toujours en gardant un cap, mais en se servant des courants et énergies positives pour se déplacer… C’est un peu le travail qu’on fait en ce moment quand on est sur le terrain !"
Après avoir compilé puis analysé les données pendant des années, Malik se consacre à présent à visiter les tribus et mairies de la province Nord au contact des habitants. Objectif : réfléchir ensemble à des solutions pour enrayer le déclin des populations de roussettes. Entre le scientifique et le "socioculturel", le trentenaire participe ainsi à la mise en place d’une gestion dite "concertée" de cette espèce, dans le cadre du programme Horizon roussettes.
Cette envie de s’engager pour l’environnement remonte à son enfance au grand air à Païta, plutôt "côté mer " (il est d’ailleurs aujourd’hui président de l’association Gardiens des îles, qui vise à préserver et restaurer la végétation sur certains îlots au large de Naïa). Après un master à Poitiers en Écologie et Biologie des populations, c’est en 2015 que l’IAC (Institut Agronomique Calédonien) et Fabrice Brescia lui proposent un travail de recherches lié aux impacts de la chasse sur le volatile – qu’elle soit le fait des Hommes, ou des chats harets c’est-à-dire retournés à l’état sauvage.
Des roussettes calédoniennes qui intéressent les scientifiques internationaux
Alliant fréquents déplacements sur le terrain et usage des nouvelles technologies (par exemple en posant des balises GPS pour étudier leurs déplacements), la mission avait de quoi séduire le jeune chercheur… Mais nos roussettes intéressent également les chercheurs à l’international. Malik s’est ainsi envolé en Thaïlande, en Australie, en Nouvelle-Zélande (en attendant peut-être le Texas en août ) pour participer à des conférences sur le sujet. L’occasion de renforcer son réseau avec les confrères de la région Asie-Pacifique.
Après avoir soutenu sa thèse et obtenu son doctorat en 2021, Malik a donc réussi la transition avec le monde professionnel. Mais celui qui s’est impliqué dans l’association des doctorants néo-calédoniens (ADN) mesure à quel point le parcours est compliqué pour les jeunes chercheurs.
On nous offre une bourse pour pouvoir faire une thèse, mais ensuite pour beaucoup c’est un gros combat pour trouver du travail…
Malik Oedin