PORTRAIT. Golf : Ariane Klotz, "fière" d'être la première Calédonienne dans l'élite européenne

Avant de vivre sa première saison sur le Ladies european tour, l'élite du golf européen, Ariane Klotz s'entraîne au golf de La Ouenghi, où tout a commencé pour elle.
A 26 ans, la joueuse formée au golf de La Ouenghi, à Boulouparis, va vivre sa première saison sur le Ladies european tour, la première division européenne. Un niveau jamais atteint par une Calédonienne avant elle. Ariane Klotz revient sur sa très belle année 2024 en deuxième division, son accession à l'élite, et ses espoirs à long terme.

On la retrouve sur un parcours qu'elle connaît comme sa poche. Le golf de La Ouenghi, à Boulouparis, est comme une seconde maison. "Ma première licence, c'était il y a dix-sept ou dix-huit ans. Je n'ai quitté le club que lorsque je suis arrivée en France en 2020 pour les championnats de France par équipe. C'est toujours mon club de cœur et je remercie vraiment le propriétaire de m'accueillir ici chaque année comme si j'étais chez moi."

C'est ici qu'Ariane Klotz s'est familiarisée avec la petite balle blanche, après s'être essayée au tennis et au 200 mètres dos au Cercle des nageurs calédoniens, et parallèlement à la danse classique pratiquée jusqu'à ses 15 ans. Douée, elle s'est s'accrochée pour atteindre un niveau qu'aucune autre Calédonienne n'a connu. 

Une saison de rêve

En fin d'année dernière, Ariane figurait au huitième rang du Ladies european tour access series (Letas), l'antichambre de l'élite continentale. Ses faits d'armes ? Une quatrième place à l'Open de Montauban, deux podiums au PGA championship de Gothenburg en juillet puis au Destination Gotland ladies open le mois suivant. Et 17 tournois disputés, pour autant de cuts passés. Une saison de rêve quand on sait que 180 joueuses étaient en compétition, qu'elle a terminée meilleure Française devant Charlotte Liautier et Lucie Malchirand (respectivement 23 et 24e).

"C'était fabuleux"

De quoi valider son accession dans l'élite. "C'était une année de découverte, ma première en tant que professionnelle. J'ai pu voyager dans des pays que je n'avais pas visités auparavant. J'ai aimé cette vie pleine de déplacements, à la fois un peu solitaire, et qui te fait aussi rencontrer beaucoup de monde. On n'est pas souvent chez nous, mais c'était fabuleux", rembobine-t-elle, les yeux pétillants. Huitième au classement général, la jeune femme a appris sa montée lors du dernier tournoi de la saison. " Cette dernière semaine a été riche en émotions. J'étais très nerveuse. Quand j'ai su que c'était bon, que j'avais validé le LET, c'était beaucoup de joie ". 

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Ariane Klotz a passé tous les cuts des 17 tournois auquel elle a pris part en 2024 en deuxième division professionnelle (Letas). Elle a signé sept places dans le Top 10.

Première expérience pro

Dès le mois de février 2024, Ariane participait à un tour satellite du Letas en Afrique du Sud, pendant quatre semaines. "Un long voyage en terre inconnue, magnifique. C'était ma première expérience en tant que pro. Je voulais m'enlever un peu de pression par rapport au circuit où je devais marquer des points." Elle dispute des tournois en avril puis en mai, avant d'en enchaîner huit autres lors du trimestre suivant. "J'ai fait pas mal de voiture, sans passer par la maison, notamment pour aller en Suède. Le trajet retour était long, raconte en rigolant cette joueuse d'1 mètre 85.

Pas toujours "glamour"

"Il n'y a pas beaucoup d'argent sur ce tour, donc on essaye à chaque fois de limiter les coûts : on partage les logements, on privilégie la voiture à l'avion. Ce n'est pas glamour", poursuit-elle. Les souvenirs, pour autant, restent. "Certains parcours et endroits étaient très beaux, comme sur cette île reculée en Suède, à Gotland, trois heures de ferry depuis le sud de Stockholm. J'ai pris la troisième place après avoir lutté pour le titre. Je n'ai pas fait le dernier tour que je voulais, mais cela reste un bon moment. J'ai partagé une maison avec des Françaises, des Suisses et mon copain qui était 'sur le sac' pendant le parcours, ce qui aide toujours."

L'un des porte-bonheurs d'Ariane Klotz sur le circuit professionnel : sa claquette fétiche.

Claquette fétiche

Lors de son entraînement du jour à Boulouparis, elle fait remarquer un détail, accroché au sac de golf . Un objet qui, en lui-même, n'est pas grand-chose, mais représente beaucoup. "C'est un souvenir récupéré au marché de Nouméa. Je voulais absolument partir avec quelque chose de la 'maison' avant d'attaquer ma saison 2024. Je sais que les photographes sur le circuit aiment bien zoomer sur de petits détails un peu colorés. J'ai choisi ce porte-clé avec une claquette comme emblème calédonien [rires]. Et puis, je suis toujours en claquettes ! Il n'y a pas eu encore de cliché dessus mais j'y crois, alors je le garde." Pour 2025, Ariane a rajouté un bracelet à ses porte-bonheur qui l'accompagneront sur le Ladies european tour. 

Ambassadrice du Caillou

"Je suis la première Calédonienne à jouer sur le LET, en première division. Je suis contente, fière, et j'espère que je vais pouvoir bien représenter le pays. Je suis heureuse de raconter à tout le monde que je viens d'ici, et pas que de France. À chaque fois que je montre des photos, les gens me disent que ça a l'air trop magnifique et je leur réponds que c'est le cas." Comme d'autres athlètes de très haut niveau, Ariane contribue à faire rayonner le Caillou à l'international.

Un calendrier chargé

Au vu du calendrier qui l'attend, elle aura plus que jamais l'occasion de le faire. Ce sera d'abord le Maroc, début février. Puis l'Australie pour un mois complet en mars, avant d'enchaîner avec l'Afrique du Sud. Une première partie d'année dans l'hémisphère sud pour des raisons climatiques, suivie d'une période en Europe de mai à fin septembre, de la France à la Tchéquie, en passant par l'Allemagne, l'Angleterre, et la Suède. Le tout s’achèvera par une tournée asiatique via l'Inde, Taïwan et la Chine.

A 26 ans, Ariane Klotz espère terminer dans le Top 50 de l'ordre du mérite du LET cette saison.

Objectif 2025 : rentrer dans le Top 50 du LET

"Ça fait pas mal de petits voyages qui se planifient doucement", sourit la joueuse qui ambitionne de rentrer dans le Top 50 de l'ordre du mérite cette année et de remporter un tournoi sur le LET. En atteignant ses objectifs, elle conserverait sa carte pour rester à ce niveau, et financerait sa saison et une partie de la prochaine. "J'ai des sponsors et des aides. L'an passé, j'étais soutenue par le gouvernement, la ligue, et beaucoup de Calédoniens m'ont aidée. Je les remercie chaleureusement. Ça fait vraiment plaisir. Un tout petit peu contribue toujours à quelque chose dans la saison." Les deux tiers de son budget 2025 sont bouclés. 

Ses rêves : le LPGA, les J.O 2028 et la Solheim cup

À plus long terme, la professionnelle aimerait atteindre le plus haut niveau mondial : la Ladies professional golf association (LPGA), aux Etats-Unis. Ce serait un retour dans ce pays découvert lors des quatre années de son bachelor en génie civil à l'université du Delaware. Elle jouait à l'époque au golf en première division universitaire NCAA. "Le LPGA, c'est là où l'on trouve les meilleures joueuses, c'est là qu'on peut vraiment gagner sa vie en tant qu'athlète de golf féminine. Je vise aussi 2028, peut-être, avec les Jeux Olympiques à Los Angeles. Et puis la Solheim Cup, la confrontation par équipes Europe - Etats-Unis, chez les femmes ".

À l’heure actuelle, seulement quelques Françaises évoluent en première division américaine. Céline Boutier, après 24 tournois, a obtenu le meilleur classement en terminant quinzième. Perrine Delacour (109e), Pauline Roussin-Bouchard (150e) ou encore Agathe Laisne ont elle aussi participé. Ariane, elle, fera partie des sept ou huit tricolores qui auront l'accès complet au circuit professionnel européen cette année.

Dino Sacilotto, fondateur du golf de la Ouenghi, et la première licenciée du club à jouer sur le LET, Ariane Klotz.

Un parcours suivi de près

Pour rallier un jour le LPGA, il lui faudra franchir différentes étapes. "Cela dépend soit du ranking mondial, soit des phases qualificatives organisées aux Etats-Unis en août, octobre et décembre lors d'un tournoi à rallonge où l'on garde les meilleures après chaque tour ". Un coût supplémentaire, avec des droits d'inscription assez élevés, dans une saison déjà très riche. "Ce n'est pas dans mon plan cette année. À moins que je profite de la passerelle qui existe pour celles qui termineront dans les 10 premières du LET. Là je pourrais l'envisager, mais pas avant, explique-t-elle dans un rire.

Un parcours remarquable suivi de près par Dino Sacilotto. Le fondateur du golf de La Ouenghi s'avoue d'ores et déjà admiratif du chemin qu'elle a parcouru. "Jamais je n'aurais pensé que d'un petit terrain, un petit club comme le nôtre, sortirait une joueuse professionnelle. Même parmi les garçons, il n'y en a pas. C'est la première à réaliser ce qu'elle fait, c'est un exemple, et j'espère qu'elle va en inspirer d'autres. C'est un début à tout."