Devant son ordinateur, Théo Devaud revisionne songeur les images de son dernier rodéo. C'était à Boulouparis il y a plus de trois mois, le 7 mai précisément. Une date qui devait précéder de quelques jours son départ pour les Etats-Unis. Le rêve d'une vie, celui de devenir professionnel, a brusquement pris du plomb dans l'aile une semaine plus tard, alors que la Calédonie s'embrasait.
"J'étais sur la route, j'ai dû faire cinq minutes en voiture. J'ai reçu le SMS d'Aircalin m'indiquant l'annulation de mon vol", raconte le jeune homme, dont l'amertume gardée de cet épisode n'a pas éteint les ambitions.
Théo Devaud vit à Pouembout, dans une maison perchée sur une colline près de la route. Il passe son temps dans la cour, où son pick-up entrepose les nombreux outils de chantier qui lui permettent de remplir de petits contrats et de renflouer les caisses. Il vit également de l'aide financière de ses sponsors.
Le Calédonien entrepose dans un conteneur son trésor le plus précieux : son matériel d'entraînement. Eperons, casques, gilets protecteurs ... les équipements, qui devaient accompagner Théo dans le Colorado, n'ont pas servi depuis près de trois mois.
Premier au classement
Le 7 mai dernier, à la fête du cerf et de la crevette à Boulouparis, les rodeomen de l'Union des associations de rodeo du pays faisaient le spectacle. C'est la dernière fois que le monde du sport western se voyait. Poya, Bourail, La Foa, Païta ou encore Moindou, les représentants des communes présentes étaient tous là et ils n'ont pas déçu.
Parmi tous ces broussards, Théo Devaud figure parmi les favoris du milieu : deuxième au classement 2023, premier pour le moment en 2024. Le rodeoman attend à l'époque avec impatience le départ pour les Etats-Unis. "Cela va m'apporter beaucoup plus de pratique parce qu'ici en un an, on va peut-être monter sept ou huit taureaux. Là-bas, c'est ce qu'on peut monter en un ou deux jours".
Un nécessaire départ
De l'eau a depuis coulé sous les ponts et c'est sur les terres de Pouembout, craquelées par la chaleur, que Théo retrouve son univers, celui de la terre et des bêtes. Nouveau planning, nouveau départ, mais le même objectif : vivre de sa passion.
"Mi-septembre, je veux aller chercher du travail en Australie, près de l'endroit où j'ai trouvé un entraîneur et un élevage pour m'entraîner. Je ferai du rodéo le week-end et gagnerai de l'expérience pour, je l'espère, partir aux Etats-Unis", ambitionne-t-il.
Un départ, loin de ses racines, mais nécessaire pour réaliser ses objectifs. "Ça fait toujours quelque chose de quitter sa famille, ses amis, son pays. Je n'ai jamais habité ailleurs qu'ici mais je pense qu'il faut partir et j'ai envie aussi de voir autre chose, d'apprendre, donc je pense que c'est une bonne chose", confie Théo.
Le rodéo calédonien évolue et progresse chaque année. Il devrait voir la création d'une ligue prochainement, lui permettant de pouvoir concourir à l'international, En attendant, Théo et d'autres jeunes depuis quelques années tentent leur chance à l'étranger. Une manière aussi d'encourager et de tracer des sillons dans lesquels marcheront d'autres pionniers.