Réinterpréter "Te tiriti o Waitangi", c’est le sens du texte au cœur de cet épisode parlementaire. Le traité considéré comme l’acte fondateur de la nation néo-zélandaise a été signé le 6 février 1840, afin d'instaurer la paix entre les chefs maoris et les colons européens. Or, le parti libéral ACT New Zealand, qui appartient à la coalition gouvernementale, a proposé une loi pour redéfinir les principes du document établi il y a près de deux siècles.
Projet de loi déchiré
Ce jeudi 14 novembre, le "treaty principles bill" (c'est le nom de ce projet de loi) fait l'objet d'un premier examen au parlement, à Wellington. Hana-Rawhiti Maipi-Clarke est appelée à voter au nom du parti maori. La députée de 22 ans se lève, annonce six voix contre… puis entame un "Ka mate haka" en déchirant le texte en deux.
D'autres membres de son mouvement se joignent à elle dans cette danse très symbolique, puisque traditionnellement destinée à impressionner ses adversaires lors de conflits. Et bien sûr célèbre dans le monde entier, notamment grâce aux matches des All Blacks.
Interruption et sanction
Clairement agacé, le président du parlement, Gerry Brownlee, fait évacuer les spectateurs de la tribune publique et interrompt brièvement les débats. Il censure Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, qualifiant la scène d'"effroyablement irrespectueuse" et "grossièrement désordonnée". La jeune députée va être suspendue, interdite de voter ou d'entrer dans la salle des débats pendant vingt-quatre heures. Son salaire va aussi être réduit.
Tensions et craintes
Voilà qui illustre les tensions autour du "treaty principles bill". Les détracteurs de la loi affirment qu'elle aurait pour effet de démanteler des programmes, notamment d'éducation, destinés aux citoyens maoris. La proposition a peu de chances de passer, même si elle a été adoptée jeudi en première lecture, n'étant pas soutenue au sein même de la coalition gouvernementale. Quoi qu'il en soit, les critiques estiment qu'elle risque encore d'envenimer les relations entre communautés.
Marche à travers le pays
Des milliers d'habitants ont rejoint une marche à travers le pays pour protester contre le projet, bloquant des autoroutes sur leur chemin en direction de la capitale. Les manifestants, dont le nombre est estimé à environ dix mille, devraient arriver à Wellington en début de semaine prochaine.