Prix des granulés, importation des poussins : la filière avicole calédonienne en difficulté

En grande surface, le prix du poulet frais au kilo varie, selon qu’il soit fermier ou non et selon la partie de la volaille.
En Calédonie, la réalité de ces derniers mois : manger coûte toujours plus cher. Près de 5% d’inflation sur un an, selon les chiffres de l’Isee. Tout augmente, même le prix du poulet, rapportent les consommateurs. L'explication provient en grande partie de l'augmentation des prix de l'alimentation destinés à la volaille.

C’est l’une des viandes les plus consommées en Calédonie : poulets congelés mais aussi poulets frais. Comment expliquer cette flambée des prix ?  

+ 37 % sur le prix des granulés

"Je regarde toujours le prix et effectivement, quand il est trop cher, je ne l'achète pas, au dessus de 3 000 francs le kilo" confie une acheteuse, penchée au-dessus du rayon frais de volaille. "J'achète du poulet une fois par semaine à peu près et je trouve que le prix a nettement augmenté et ça entraîne une réflexion de ma part, j'en achète moins" confie un autre client.

Le constat est sans appel pour ces consommateurs rencontrés en grande surface. Le prix du poulet frais au kilo varie, selon qu’il soit fermier ou non et selon la partie de la volaille. Plus le poulet est affiné, plus il est cher. Comptez environ 1 225 francs le kilo pour un poulet entier, 2 500 francs pour du blanc et jusqu’à 3 850 francs pour de l’émincé.  

Un produit de luxe selon Jean-Pierre Bull, président du GIE Merü, qui rassemble 21 éleveurs sur la côte Est. Il fait remarquer que pour un producteur, le prix de l’alimentation représente 75% des charges. "En deux ans, les producteurs ont pris quand même 37% d'augmentation sur l'alimentation, sur les granulés. C'est dû à l'importation des matières premières, depuis la crise de l'Ukraine."

Si nous on augmente les prix, on en vend moins et après, on fait de la production pour jeter et ce n'est pas le but. Là, on ne fait pas de bénéfices.

Jean-Pierre Bull, président du GIE Merü

 
Moins de reproducteurs 

Autre difficulté à laquelle fait face la filière : l’importation des poussins pour assurer la reproduction. Le GIE comme d'autres producteurs en Calédonie, en fait venir pour assurer les naissances sur le territoire "parce qu'ici, on n'a pas la génétique." Mais il y a quelques mois, lorsqu'Aircalin a rencontré des problèmes techniques pendant plusieurs jours, la situation s'est compliquée. 

On a des reproducteurs qui devaient arriver et ils sont restés bloqués au Japon, pour ensuite repartir en métropole où ils ont été euthanasiés. Suite à ça, Aircalin ne veut plus s'embarrasser de faire venir des poussins. Ça va être très compliqué pour la filière avicole en Calédonie.

Jean-Pierre Bull, président du GIE Merü


A l’initiative de la chambre d'agriculture, la majeure partie des acteurs de la filière avicole de Calédonie s'est réunie en début de semaine, du côté de Nessadiou à Bourail, pour faire le point sur ces difficultés qui mettent la filière "sur le fil du rasoir" selon Jean-Pierre Bull. Il est aussi président du syndicat de la qualité avicole. A la suite de la rencontre, tous ont prévu d'interpeller les politiques via un courrier, pour alerter sur les difficultés auxquelles fait face la filière et trouver l'origine du blocage de l'importation des poussins.