Projet ERMines : vers une protection des espèces végétales rares et menacées des massifs miniers

Lister de manière exhaustive, les espèces végétales rares et menacées, au cœur des massifs miniers, c’est l’objectif du projet ERMines. Porté par l’IRD, l’IAC et le centre national de recherche technique depuis près d’un an, il doit se poursuivre sur deux années.
Hot-spot de la biodiversité, la Nouvelle-Calédonie compte plus de 3 400 espèces de plantes, dont les trois quart sont endémiques. Chaque mois, les scientifiques découvrent de nouvelles espèces endémiques. C’est le cas actuellement avec le projet ERMines, mission portée par l’IRD, l’IAC en partenariat avec l’association Endemia et financée par le centre national de recherche technique (CNRT).
Une mission destinée à lister de manière exhaustive, les espèces végétales rares et menacées, au cœur des massifs miniers. Débuté fin juillet 2019, le projet arrive au terme de sa première année d’existence, sur les trois prévues. L’occasion d’établir le bilan des actions menées sur site. 
 

On s’est rendu dans la région de Wako, en mai dernier. On y a trouvé une espèce inconnue jusqu’à présent. C’est un espèce de Mélicope, un arbuste que l’on retrouve en forêt ou en maquis minier. On a de la chance quand on est botaniste de travailler en Calédonie, parce qu’il y a énormément de choses à faire. On découvre souvent de nouvelles espèces, c’est valorisant et stimulant - David Druy, conservateur de l’herbier de Nouvelle-Calédonie et co-porteur du projet ERMines.


David Druy, conservateur de l’herbier de Nouvelle-Calédonie et co-porteur du projet ERMines, au micro de Coralie Cochin:

Projet ERMines interview David Druy


Zone d’étude étendue

La zone d’étude du projet est vaste : elle concerne dix-sept massifs miniers, de Tiébaghi à Goro, en passant par Kouaoua. 3 100 km2 au total, soit environ 1 cinquième de la Grande Terre.
Dans leurs recherches, les scientifiques peuvent s’appuyer en partie sur des données existantes, qui concernent plus de 56 000 spécimens. « On n’a pas besoin d’aller partout, parce qu’il y a énormément de données qui sont déjà présentes. Les plantes sont collectées sur le territoire depuis les années 1860/1870. Toutes ces données sont déjà accessibles notamment dans les grands herbiers comme celui de Nouvelle-Calédonie ou de Paris », précise David Druy, co-porteur du projet.

Des trésors locaux qui ne sont pas à l’abri de l’activité humaine assure toutefois le spécialiste.
 

On est dans un contexte d’extinction massive de la biodiversité, la Calédonie n’est pas épargnée. À l’heure actuelle, 43% des espèces qui ont été évaluées selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sont menacées d’extinction. Elles sont particulièrement menacées par l’activité minière, qui est le deuxième facteur menaçant après les feux de forêt - David Druy, conservateur de l’herbier de Nouvelle-Caléodonie et co-porteur du projet ERMines


Activité minière

Les opérateurs miniers sont tenus de protéger ces espèces en danger, ou de les cultiver en pépinière, pour des actions de revégétalisation. Mais à ce jour, il n’existe aucune liste commune. Grâce à ce futur répertoire, les mineurs sauront quelles espèces protéger en priorité. 
 

L’objectif, c’est de pouvoir faire évoluer les réglementations locales, les codes de l’environnement des deux provinces : province Sud et province Nord. Et également la liste des espèces dîtes sensibles, par le gouvernement et la DIMENC - Gildas Gâteblé, coordinateur du projet pour l’Institut Agronomique néo-calédonien.


La liste définitive de ces espèces menacées sera connue d’ici deux ans. Une mission dont le coût s’élève à près de 20 millions de francs cfp, financés par les mineurs, au travers du Centre national de recherche technique.

Le reportage de Coralie Cochin : 

Projet ERMines reportage