L'agriculture aux îles Loyauté est avant tout vivrière. Non marchande, vivace, elle consolide les liens sociaux entre les clans. Tout se fait à la main, sans utilisation de fertilisants chimiques.
À l’issue des accords de Matignon-Oudinot signés en 1988, les trois provinces créées ont pour mission de développer leur territoire et d'assurer des emplois aux administrés. Dans ce contexte, les stratégies économiques, les infrastructures, et la formation des hommes et femmes dans tous les secteurs d'activité, sont à créer et à moderniser. Parmi ces secteurs, il y a l'agriculture.
Une révolution des mœurs
Aux îles Loyauté, par le biais d'aides financières et de subventions, la province incite les producteurs à se lancer dans des cultures maraîchères, de vergers d'avocat ou d'agrumes... Parmi eux, Edouard Wayaridri. Il possède déjà quelques avocatiers et décide de moderniser son champ en s'équipant d'outils mécaniques : système d'irrigation par goutte à goutte, tracteur, etc. Il se lance dans l'exportation de sa production vers Nouméa.
De l'activité agricole tribale dite "non marchande", à une production rurale marchande, tel est le virage pris par ces agriculteurs. "Une rupture technique avec le système de mise en valeur agricole en vigueur dans les îles Loyauté", indique le Cirad dans un rapport de 1993 commandé par la province. Aux côtés d'Edouard Wayaridri, d'autres pionniers vont adopter ce nouveau rapport à la terre "nourricière". Tels que Norene Warekaicane, habitant de la tribu de Medu au Sud de Nengone.
A Maré, le recensement agricole de 1991 estime à 800 environ les exploitations agricoles, avec une proportion de 10% d'exploitations qualifiées de "marchandes".
Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement)
L'avocat se plaît sur les sols coralliens des Loyauté. La grosse période de production se tient entre mars et juin. Le fruit, introduit par les missionnaires durant la deuxième moitié du XIXe siècle, a trouvé sa place dans l'alimentation locale.
Des avocats toute l'année
En 1995, Edouard Wayaridri a une trentaine de variétés, sur sa propriété. Parmi les plus courantes, il y a la Pernod dans les grands vergers, la Choquette, la Hall ou encore la Nishikawa, l'Anaheim et la Reed. À cette époque, il se bat pour la création d'une unité de stockage au service des producteurs de l'île. Il préside alors le syndicat des producteurs de Maré. En 1998, l'homme est élevé au grade de chevalier de l'Ordre national du mérite. Il décédera deux ans plus tard, en 2000.
Selon l’Institut de recherche sur les fruits et agrumes (Irfa), il existe une cinquantaine de variétés d'avocat en Nouvelle-Calédonie. Mais à Maré, "de nombreux croisements se font naturellement au gré des pollinisateurs", selon Alphonse Ngadaé, technicien chez Arbofruits. Difficile, dès lors, d'établir un chiffre.