Assises : dix ans de prison pour le meurtre lors d'un mariage à Canala

A la barre des assises de Nouvelle-Calédonie.
La fête de mariage s'était soldée par un meurtre il y a trois ans, à la tribu de Nonhoué, à Canala. Après deux jours de procès, la Cour d'assises de Nouvelle-Calédonie a condamné un homme de 53 ans à dix ans de réclusion criminelle.

Un enchaînement fatal, lors d’un moment qui devait être heureux. La Cour d’assises s’est plongée durant deux jours dans cette affaire de meurtre lors d’un mariage célébré à Canala, à la tribu de Nonhoué. Pour avoir poignardé à mort un homme de 41 ans, un quinquagénaire a été condamné à dix ans de prison, ce mardi 18 mars.

Une peine assortie de dix ans d'inéligibilité et dix ans d'interdiction de porter une arme, comme l’avait requis l’avocat général. En revanche, il demandait une peine d’emprisonnement supérieure, de douze ans.

"Mon geste est inacceptable"

C'est l'aboutissement d'un procès dont l'enjeu a beaucoup porté sur les personnalités des deux principaux protagonistes. L'accusé, chauffeur sur mine et ancien casque bleu en Yougoslavie, jusque-là inconnu de la justice, a été décrit comme quelqu'un de bien inséré, de calme et posé au quotidien. D'emblée, il s'est adressé à la famille de la victime : "Je vous demande pardon avec humilité. Mon geste est inacceptable."

Geste qu'il explique par son état d'ivresse. Quatre heures après les faits, son taux d'alcool était de 0,5 gramme par litre d'air expiré, ce qui correspond à un gramme par litre de sang. Il avait attendu de dégriser avant de se rendre à la gendarmerie.

Personne serviable…

Personnalité de la victime, ensuite. Ce mardi, ses proches en ont dressé un portrait plutôt flatteur. "C'était un homme aimant, je ne le reconnais pas dans tout ce qui se dit", a déclaré sa sœur, en évoquant quelqu'un prêt à tout pour rendre service. "C'est dur de vivre sans lui maintenant", a-t-elle lancé en larmes. Témoignage similaire pour la compagne du défunt. "L'image de lui en train de mourir va me rester toute ma vie", a-t-elle confié devant la cour.

…ou fauteur de troubles

Mais la veille, le disparu a été présenté comme un fauteur de troubles par divers témoins et le directeur de l'enquête. Réputé bagarreur, il aurait eu différentes altercations avec des participants au mariage, s'en prenant au moins verbalement à plusieurs proches de l'accusé, qui serait ensuite rentré dans une colère noire ayant abouti au meurtre. "La victime méritait-elle pour autant la mort ?", a asséné l'avocate de la partie civile. Une question qui a plané de façon implicite sur les débats.

"Décision juste et honnête", pour les parties civiles

À l'issue, "je crois que c'est une décision juste et honnête, qui satisfait les parties civiles et qui devrait permettre qu'il n'y ait pas d'appel", a réagi Maître Laure Châtain, l'une des deux avocates des parties civiles. "C'est vrai qu'on a un peu fait le procès de la victime, ce n'est pas courant. Mais en l'espèce, c'est une manière de défense qui est possible et de notre côté, on a fait tout ce qu'on a pu pour rééquilibrer et rappeler que ce n'est pas le procès de la victime, mais le procès de l'auteur."

"Peine très mesurée"

"C'est une peine très mesurée, très juste", renchérit Me Cécile Moresco, avocate de l'accusé. "Je crois que les jurés, la cour d'assises ont complètement compris la difficulté de ce dossier. La personnalité de l'accusé. La personnalité de la victime, aussi."

Le compte-rendu de Valentin Deleforterie et Gaël Detcheverry

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