Retour à l’école, quarante ans après. Les 7 et 8 septembre, les anciens élèves du lycée agricole ont afflué à Do Neva pour célébrer les quatre décennies de l'institution. Un anniversaire plein de symbolique et de thématiques. Ce vendredi, certains ont livré leur témoignage en matière d'autonomie alimentaire.
Techniciens et chefs d'entreprise
L’établissement protestant s'est donné pour objectif de former des techniciens et des chefs d’entreprise afin de produire de façon importante. Et de transformer les produits agricoles de façon à assurer l'alimentation et la sécurité alimentaire du pays. Quelques-uns de ses diplômés sont maintenant des producteurs marchands dans le secteur économique et agricole. L'établissement envisage d'être plus attractif pour former les jeunes dans les métiers de l'agriculture, et aussi se diversifier dans la transformation.
Notre volonté réelle est d'arriver à améliorer la souveraineté alimentaire.
Carlen Thomas, directeur
"Je reviens à la maison"
Ingénieurs, professeurs, politiques : Do Neva a formé une partie des élites kanak. Parmi les visages connus, Nadia Heo, élue à l’assemblée provinciale Nord et au Congrès. Elle a fait partie de la toute première promotion, celle de 1983. A l'époque, quatorze adolescents suivaient la filière d'enseignement agricole. Une participante “très émue de les retrouver. En même temps, j'ai passé une partie de mon enfance ici et une grande partie de mon adolescence. Je reviens à la maison, quoi."
L’aumônière des lieux confie son admiration face à de tels parcours. ”C’est une opportunité, pour moi, de rencontrer ces personnes-là, qui sont toujours en train d'œuvrer dans le pays et qui sont sorties d'ici,”, lance Waqadrue Jone.
Quand on entend des témoignages comme ça, c'est vrai que nos vieux n'avaient rien, mais ils ont fait. Nous, on n’est que le produit de toute cette réflexion et cette vie.
Claire Bafoue, professeure de lettres à Do Neva
Voyez le reportage de Géraldine Pion et Ismaël Waka-Ceou
Conseil aux agriculteurs
Thierry Boewa a obtenu son diplôme en 2005. Il travaille comme technicien adjoint au service agricole de la DDEE, la direction provinciale du Développement économique et de l'environnement, à Houaïlou. En lien avec l'agriculteur de la région. "Lui, il vient avec ses besoins. Moi, ce que je fais, c'est l'orienter, le conseiller, c'est tout. Parce qu'ils ont un savoir faire, les agriculteurs. Ce n'est pas moi qui vient, qui vais imposer ce que je sais faire."
Pourtant, Thierry a beaucoup d'expérience dans le domaine agricole. Un monde qui ne l'attirait pas de prime abord. "A la base, je voulais suivre tous mes camarades du collège sur d'autres secteurs, mécanique etc... Mais c'était en dehors de la commune et mes parents n'avaient pas les moyens pour ça."
Changement de plan
Temera Saulia ne s'imaginait pas non plus faire des études agricoles. La jeune fille originaire de Lifou rêvait d'intégrer l'armée de terre. "Quand j'étais en troisième, le directeur est passé dans mon collège pour présenter le lycée agricole et j'ai voulu prendre cette filière-là." Elle est en terminale conduite à la production horticole. Et veut continuer sur un BTS horticole.
On est touchés par le réchauffement climatique, et je pense que c'est important pour nous de savoir la relation entre l'homme et la nature.
Temera Saulia, élève de terminale CPH
Des valeurs que Thierry a apprises à Do Neva.
Si je n'avais pas connu Do Neva dans ma vie, je ne serais pas là personne qui se présente devant vous aujourd'hui. Je serais peut-être sur un autre format. Do Neva a formé et forgé ma vie.
Thierry Boewa, diplômé en 2005
Portraits croisés par Géraldine Pion et Ismaël Waka-Ceou
Historique
Plus de deux mille personnes ont suivi des filières, au lycée agricole de Do Neva, le premier du genre en Calédonie. A sa création, en 1983, il proposait les quatrième, troisième et CAP agricoles. En 1987, il est devenu un véritable lycée agricole, avec la mise en place des BEP agricoles en 1995, avec les bacs pro production horticole. Le lycée géré par l'Asee s'est diversifié, depuis quelques années, à travers les filières services à la personne et au territoire. Depuis 2022, il accueille une section football. L'établissement envisage d'être plus attractif pour former les jeunes dans les métiers de l'agriculture, et aussi se diversifier dans la transformation.