Municipales : les enjeux à Houaïlou

Si les mines et les services restent le principal gisement d'emplois, cette commune de 3 955 habitants a du mal à retenir une partie de sa jeunesse en quête de travail. Néanmoins, il reste possible de vivre et travailler au pays du letchi, avec beaucoup de volonté.

Une agriculture respectueuse 

C’est à Kamoui, dans la grande vallée de la Néawa, que Christel et Arsène cultivent de manière traditionnelle sur les banquettes en bord de creek. Ils ont fait le choix de vivre et travailler au pays. Et à chaque début de semaine, un fourgon de l’association Pè Wakè i ba fait la tournée de ses adhérents pour collecter leurs produits, quand le temps le permet.
Ces produits n’ont pas la classification bio, mais les clients semblent apparemment contents du travail du jeune couple. « Même si on n’est pas classifié comme tels, les clients sont satisfaits par cette façon de travailler qu’ils assimilent à du bio mais qu’on peut qualifier de naturelle, relève Guillot Pourouoro, employé de l’association Pè Wakè i ba. Les gens travaillent de fait sans produits chimiques. » Toutes les semaines, un fourgon, voire deux en pleine production, approvisionnent le marché de gros de Ducos, à Nouméa. 

 ​​Maintenir l’activité économique

A l’école de Wani, c’est la fin de journée : 400 pensionnaires attendent d’être ramenés à la maison, la plupart en bus. Depuis 35 ans, l’entreprise Euriboa Frères assure le service de transport de personnes, sans discontinuer, malgré les regards sceptiques au lancement de l’affaire.
Il y a trois ans, les pères fondateurs ont passé la main au fils, Al Euriboa, à la tête d’une équipe de sept personnes et chargé, chaque mercredi, de l’entretien et du nettoyage des véhicules. « On essaie de maintenir nos lignes, de répondre aux appels d’offres », indique l’entrepreneur qui, avant cela, a travaillé seize ans à la Calédonienne des eaux.

Le travail de la tribu en renfort

En supplément gratuit des charges auxquelles l’entreprise doit faire face, Euriboa Frères peut compter sur le travail collectif à la tribu. C’est presque une obligation pour les familles à Waraï.
A la maison commune, cette semaine, la tribu reçoit des militaires. Georges Euriboa, l’aîné de la fratrie et fondateur de l’entreprise, rejoint les villageois. Pour réussir, il lui a bien fallu distinguer le travail salarié de la participation volontaire aux tâches de la tribu, deux situations loin d’être antagonistes. « Au départ, cela a été difficile. Je débutais dans le métier. Le plus dur, c’était la peur de ne pas réussir », raconte celui qui lancé l’entreprise avec succès en 1985. 
« Waa bèré, kwa yè wi luu na mééxa », autrement dit, se dépêcher de finir le travail, avant que le soleil ne se couche. L’adage, qui a donné son nom à Houaïlou (Waa Wi Lûû, en ajië), reste d’actualité.
Pour vivre et travailler au pays, les atouts ne manquent pas. Tout dépend seulement des hommes et de leur motivation.
Scène de vie dans le district de Waraï, à Houaïlou.
Le reportage de Gilbert Assawa et Mathieu Niewenglowski 

 

La carte d'identité de Houaïlou 




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