Districts coutumiers et tribus se sont organisés pour faire face aux mesures sanitaires, du côté de Koné, à la tribu de Néami. Comment les familles ont fait pour limiter leurs déplacements vers l'extérieur et comment vivent-elles le confinement ?
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Epicerie à domicile
Deux fois par semaine, depuis le début du confinement, la boulangerie de Koné dessert l'arrière pays. En plus des traditionnelles baguettes de pain, les habitants des tribus ont demandé d'ajouter des ingrédients pour pouvoir confectionner des gâteaux et des crêpes. L'initiative spontanée répond aux besoins d'une population qui s'est auto-confinée. Et le fourgon traverse même la chaîne centrale pour faire un tour à Touho.
La population prend les choses en main
A Néami, les habitants ont érigé eux-mêmes un barrage filtrant depuis deux semaines. L'initiative a aussi été adoptée à Ponérihouen et à la Napoémie, à Poindimié. "Ils étaient d'accord pour que les gens ne sortent pas dans le village. Les enfants ne vont pas au village, il n'y a que les mamans et il n'y en a que deux ou trois qui vont faire des commissions au village" explique Frédéric Nadu, chef de la tribu de Néami.
Il n'y a plus de barrages sur la route de Néami depuis une semaine mais la population reste sur ses gardes, sans toutefois arrêter l'activité. En voiture, en vélo ou à cheval, chacun rejoint la plantation ou le chantier.
Confinement rime avec rapprochement
Chez Augustine, la famille a profité du confinement pour ériger un faré, où les femmes et les enfants se répartissent la préparation du repas.Trois semaines en famille, ce sont des vacances inespérées en dehors du travail scolaire qui arrive au compte-gouttes selon la disponibilité du réseau. Vaisselle, préparation de la citronnade, aide à la cuisine et à la construction, la période est propice
aux enfants pour pouvoir apprendre. Des travaux pratiques grandeur nature dans tous les sens du terme avec la confection d'une brioche.
Avec les enfants, on partage le travail. Les enfants peuvent préparer les citrons, faire du riz et nous les grandes personnes, on aide les garçons à faire le faré. Ce sont des bons moments pour transmettre le travail aux enfants comme ils sont éparpillés dans toutes les écoles et ce moment de confinement, c'est un moment de retrouvailles. - Augustine Goropoadjiley, habitant de la tribu
Aux pieds des roches noires, sur les contreforts de la chaîne centrale, la vie suit son cours. Ici, les habitants vivent avec l'isolement et personne ne s'en plaint.
Retrouvez le reportage de Gilbert Assawa et Camille Mosnier.