VIDEO. Une ancienne sous-traitante pour l'usine du Nord se réinvente dans l'aviculture

Un reportage de Brice Bachon et Ismaël Waka-Céou. ©nouvellecaledonie
Le glas a sonné fin août, pour l'usine de nickel de KNS, à Voh. Depuis la mise en sommeil du site, les quelque 1200 employés et 700 travailleurs indirects n'ont d'autres choix que de rebondir pour s'en sortir. A l'image de Nathalie Lacrose, une autodidacte pur jus. À Koné, cette femme multicasquette est passée de chauffeuse de poids lourds à éleveuse de poules pondeuses.

"Là, on a 150 poules dans ce poulailler. En général, je ramasse 140 œufs." Des volailles fraîchement débarquées dans une ancienne écurie, réaménagée, à Koné. De conductrice de poids lourds à éleveuse de poules pondeuses, la reconversion de Nathalie Lacrose a demandé quelques adaptations. "Il m'est arrivé de casser des œufs, les premiers jours, parce que je suis un peu une brute. Maintenant, je fais attention. Mais j'avoue que c'est plus relaxant pour moi." 

Un camion encore à payer

A l'origine, c'est plutôt au volant d'engins, que Nathalie passe ses journées. Des camions plateaux, des grues de chantier. Et le dernier venu, d'Allemagne, qui a rejoint la flotte de l'entreprise de son mari : un camion de douze roues et sa grue de 37 mètres, capable de soulever jusqu'à 17 tonnes. "On a acheté ce camion pour travailler pour KNS. Et voilà que tout s'est arrêté. Maintenant que le camion est là, il faut continuer à le payer."

250 millions de francs d'investissement 

Aujourd'hui, onze camions et du matériel de chantier sont à l'arrêt dans les docks. Soit près de 250 millions de francs d'investissement. "On a envie de pleurer parce qu'on s'est agrandi d'année en année, déplore la Calédonienne. On bossait quand même beaucoup à l'usine du Nord, on y avait 70 % de notre chiffre d'affaires."

Grâce à son énergie et à sa volonté, Nathalie a su se réinventer. "J'ai rebondi. Et puis, moi, rester à ne rien faire, non. Donc j'ai fait les poules, on a attaqué les champs. J'ai mis des ignames en terre, chose que j'avais jamais fait". Un retour à la terre dans laquelle elle est bercée depuis son enfance, avec, dans un coin de la tête, l'espoir d'une reprise d'activité pour l'entreprise familiale.