Plus de sages-femmes aux dispensaires de Canala, de Belep, de Poum et de Kaala-Gomen, ni même au CHN de Koumac. D’autres s’en vont bientôt, c’est le cas de celles de Touho/Hienghène et de Pouébo/Ouégoa. Certains n’ont pas renouvelé leur CDD, d’autres, pour raisons familiales, prennent une disponibilité de trois ans.
Un problème de recrutement
" Ça touche tout le Territoire, mais forcément, dans les secteurs isolés, c’est beaucoup plus important que sur Nouméa. Et comme il y a de moins en moins de professionnels autour parce qu’on manque aussi de médecins, etc." explique Valérie Lescroart, présidente du syndicat des sages-femmes de Nouvelle Calédonie. "Du coup, on se retrouve avec une charge de travail qui est toujours un peu plus importante et je pense que ça pousse certains à privilégier des endroits où c’est probablement plus facile de travailler et avec une meilleure reconnaissance de la profession".
Le recrutement est déjà compliqué au plan national, et la Nouvelle-Calédonie manque d’attractivité comparée à d’autres outre-mer, en termes de rémunération, de reprise d’ancienneté et de conditions de recrutement comme la prise en charge du billet d’avion, ou le logement.
Des pathologies et des grossesses moins bien suivies
Des recrutements sont en cours mais cette situation difficile entraînera probablement une affluence des patientes chez les sages-femmes encore en poste. Ce qui n’est pas sans conséquences sur le suivi des grossesses et des pathologies.
" Le manque de sages-femmes, ça va entraîner un retard de prise en charge pour les pathologies comme le dépistage du cancer du sein. Les femmes vont moins consulter s’il n’y a pas de sages-femmes de proximité. Elles vont arriver avec des cancers plus avancés. Idem pour les frottis et le dépistage du cancer du col [de l’utérus]" constate Elodie Marnas, sage-femme libérale à Poindimié. "Ça va retarder ou impacter le suivi de grossesses, donc des femmes qui seront moins bien suivies ou moins bien orientées, et qui du coup, vont rester sur la côte Est pour accoucher alors que nous n’avons pas de maternité. Il risque d’y avoir plus d’accouchements inopinés que ce qu’il y a déjà".
Manque de personnel au SMUR de Koné
Et les sages-femmes et les professionnels de santé en général sont confrontés à un nouveau problème. Par manque de personnel, depuis ce 15 juin, le SMUR (Structure Mobile d'Urgence et de Réanimation) du pôle sanitaire du Nord à Koné, ne sort plus que dans la zone VKP. Un vrai problème pour la côte Est.
" Parfois, pour transférer les patientes quand elles sont en travail, on fait appel au SMUR parce que c’est moins loin que d’aller à Nouméa. Maintenant, s’il n’y a pas de SMUR, soit on transfère les patientes si on est sûr qu’elles sont transférables juste avec un ambulancier, mais il n’a pas de formation en obstétrique ; ou alors on garde la patiente sur place et on la transfère après l’accouchement" explique Elodie Marnas. "Il nous reste le Samu par les airs, mais les hélicoptères ne peuvent pas voler la nuit, donc il nous reste l’avion avec l’aérodrome sur Touho, mais ça nous demande une grosse organisation et il faut quand même avoir un service d’urgence qui fonctionne avec des médecins, etc. Actuellement, c’est compliqué, il faut pouvoir avoir accès à des radios pour pouvoir orienter le Samu qui est à Nouméa à distance, mais on n’a plus de service de radiologie la nuit et le week-end non plus sur Poindimié".