Des élèves formés pour libérer la parole au lycée Antoine Kela de Poindimié

Les 13 élèves formés à la citoyenneté au lycée Antoine Kela de Poindimié.
Ils sont volontaires pour éviter tout conflit au sein de leur établissement. Ce sont des élèves du lycée Antoine Kela de Poindimié. Ils sont 13, en classe de seconde et ont pour mission de relayer les problèmes de leurs camarades, pas toujours enclins à s’ouvrir aux adultes.

Ils se présentent sous les ovations de leurs familles et amis. 13 élèves du lycée Antoine Kela de Poindimié reçoivent leur attestation de formation des mains du vice-recteur Didier Vin-Datiche. Il effectuait hier, jeudi 20 juillet, son premier déplacement dans un établissement scolaire en province Nord. "Félicitations, je crois savoir que tu as particulièrement réussi ton examen avec d’excellentes notes", glisse t-il à Maywen Doute.

Difficultés sociales ou familiales

La jeune fille de 15 ans, élève en seconde A, s’est distinguée au cours de cette formation nommée "élèves pairs". Elle fait partie des 13 lycéens volontaires pour assurer le relais entre leurs camarades et les adultes encadrants. 

La jeune fille, qui rêve de devenir biologiste médicale n’hésite pas à mettre sa timidité de côté pour leur venir en aide. "J’ai voulu intégrer le dispositif pour aider les élèves en difficulté. Pas ceux en difficulté scolaire, mais plutôt ceux en difficulté sociale ou familiale", explique la jeune fille, élève de seconde A. 

Cette envie d’aider est venue d’un constat : les jeunes ont du mal à se confier à leurs aînés. "J’ai remarqué dans mon entourage que beaucoup d’enfants étaient souvent dans le mal-être et ils ne voulaient pas en parler aux adultes ou tout simplement avec la psychologue. Du coup, je me suis dit que je pouvais peut-être les aider", poursuit Maywen. 

Intimidation physique ou morale

Parmi les élèves formés, il y a aussi Bruno. Le jeune homme de 15 ans est très souriant. Il affiche une confiance en lui qui ne laisse pas deviner l’épisode douloureux qu’il a traversé au cours de sa scolarité. Bruno a été victime d’intimidation physique et morale de son entrée en maternelle, jusqu'en classe de troisième au collège. Aujourd’hui en classe de seconde, il va mieux. Le jeune homme a reçu l’écoute et le soutien de la maison de protection des familles. 

Le lycéen souhaite devenir avocat. Intégrer le dispositif est donc pour lui une évidence. Il souhaite désormais mettre son vécu au service de ses camarades. "J’ai subi du harcèlement et ça m’a touché ce que les gendarmes m’ont dit. Ça me donne envie à mon tour d’aider les personnes qui sont en détresse. J’aime pas voir des copains et des copines subir la même chose", révèle le lycéen.  

Les élèves ont reçu leur attestation de formation devant leurs camarades et leurs familles.

Formation à la citoyenneté

Dans la cour du lycée Antoine Kela, les élèves qui ont suivi la formation se sont réunis, ce jeudi. L’occasion de débattre de la méthode à employer pour aider un élève. Y aller seul ou à plusieurs, les avis sont partagés.

Avant de devenir élèves de référence pour leurs camarades, ils ont suivi une formation à la citoyenneté et à la gestion des émotions. Elle a été dispensée par Sandrine Saint-Pol, gendarme à la Maison de protection des familles de Koné. "Il est important de mettre ce dispositif en place pour les classes de seconde dans les lycées. Cela permet de les rendre responsables et acteurs de leur sécurité au sein de leur établissement. Cela permet aussi d’éviter qu’on en arrive à des situations de grande violence", explique la formatrice. 

Protocole contre les intimidations

Des problématiques parfois observées au sein du lycée. "Nous n’avons pas de réelles difficultés autour de la violence mais des vols ou de l’intimidation il y en a. Et on ne s’en aperçoit pas tout le temps, ou bien parfois trop tard", regrette de son côté Hervé Payre, directeur de l’établissement. 

Des faits parfois difficiles à déceler. "Une intimidation n’est pas toujours repérée par l’ensemble des personnels. On est en train d’installer un protocole contre ce genre de faits. Parfois ce sont les autres élèves qui viennent nous le signaler. L’élève intimidé ne vient jamais le faire", poursuit le proviseur. 

Le lycée Antoine Kela de Poindimié est le premier établissement de la province Nord à mettre en place ce type de dispositif.