A Pouébo, une centrale hydroélectrique au fil de l'eau

Il s'agit, selon Enercal, du premier projet d’hydroélectricité significatif en Nouvelle-Calédonie depuis trente ans. La centrale Hydro Paalo, aménagée à Pouébo du côté du massif du mont Panié, a été inaugurée jeudi.

Ces choses-là prennent du temps. La première "pierre" de la centrale Hydro Paalo a été posée en juillet 2018, à Pouébo. La crise Covid ou encore un feu de forêt ont retardé le chantier. La mise en service commerciale a eu lieu en décembre 2020. Des kilowattheures ont commencé à être produits début 2021. Et ce 4 août 2022, le temps était enfin venu d'inaugurer l'installation, repérable depuis la route à la fresque sur sa façade.

Sur la rivière Paalo

Le principe : utiliser la hauteur de chute (plus de 540 mètres) et le débit de la rivière We Paalo comme source d’énergie pour produire une électricité renouvelable destinée à la distribution publique de courant. Ici, pas de barrage ou de stockage. L’eau utilisée est restituée au milieu.

Il n'y a pas de barrage. C'est une centrale au fil de l'eau. On capte l'eau à 500 mètres d'altitude, elle entre dans la conduite, enterrée, qui descend. Le jet est séparé en deux et il arrive sur une turbine. Un gros moulin, branché sur un alternateur, qui convertit la motrice en énergie électrique.

Nicolas Caze, directeur d'Energies Nouvelles et président d’Hydro Paalo

Un investissement à 1,6 milliard

Ce projet de longue haleine associe plusieurs partenaires, parmi lesquels Enercal, la province Nord, la mairie de Pouébo, la tribu de Paalo, l’Agence française de développement, l'Etat ou le gouvernement. Hydro Paalo est détenue :

  • à 51 % par Enercal Energies Nouvelles ;
  • à 44 % par la société d'économie mixte Nord Avenir, l'un des bras économiques de la province Nord ;
  • À 5 % par le GDPL Waxa Ledjao.

Coût de l'investissement : 1,6 milliard CFP, sur des fonds propres d’Énergies Nouvelles et de Nord Avenir, via une subvention de la province, un prêt AFD, une double défiscalisation et la vente de l’électricité.

Environ 7 000 kWh par an

La centrale a une puissance de trois mégawatts, avec de quoi produire environ 7 000 kilowattheures par an. Ça correspond à la consommation de quatre mille foyers, sur toute la Grande terre via le réseau électrique de transport. Et si elle a nécessité deux ans et demi de travaux, c'était aussi pour consolider les relations avec le district coutumier de Ledjao, notamment la tribu de Paalo sur laquelle elle se situe. Le tout avec l'appui d'un groupement de droit particulier local. En exploitation, Hydro Paalo occupe un emploi équivalent temps plein et des emplois indirects, les habitants de la tribu effectuent la maintenance de la piste et des zones reboisées.

Il n'y a pas que les entreprises ou les mairies, les institutions… Les entités traditionnelles coutumières aussi sont capables de relever des défis et d'accompagner des projets de ce genre. Et ce projet qui a été accompagné, on peut le reproduire ailleurs.

Rock Doui, membre du GDPL Waxa Ledjao

S'adapter

"On développe les énergies renouvelables les plus appropriées aux besoins du pays, au coût le plus bas possible parce qu’on souhaite préserver un kilowattheure le moins cher possible", assure Jean-Gabriel Faget, directeur général d'Enercal dont Énergies Nouvelles est une filiale. "En fonction des technologies, en fonction des endroits, on choisit la solution la plus adaptée." 

Le massif du Panié, depuis toujours, est un endroit où on recherche des sites. On en a trouvés quelques-uns mais c’est finalement avec les populations de la tribu de Paalo, avec le district, que les discussions sont allées le plus vite. Ils ont compris l’intérêt d’être les premiers, aussi, de faire en sorte que ce projet soit exemplaire et qu’on puisse le dupliquer ailleurs. Plus au Sud sur le massif du Panié, mais en fait sur toute la côte Est jusqu’à Houaïlou.

Jean-Gabriel Faget, DG d'Enercal

Sites identifiés

Si on parle d'hydroélectricité, pas grand-chose à voir avec le barrage du Grand Sud. "On n’a pas en Nouvelle-Calédonie la possibilité de faire un deuxième Yaté, explique Jean-Gabriel Faget. "C’est notre géographie. Ce que l’on peut développer, ce sont des projets de ce type, avec un très faible impact sur l’environnement, qui s’intègrent parfaitement à la géographie, aux lieux, aux populations. On a identifié trois ou quatre autres sites de cette nature et il conviendra avec le soutien du gouvernement qu’on puisse les développer dans les années qui viennent."

En tout, 80 sites potentiels de production hydroélectrique auraient été repérés sur la Grande terre, dont une trentaine pourraient aboutir à un projet. Selon Enercal, 10 à 15 % de l'énergie consommée en Calédonie est fournie par l'hydroélectricité.