Il y a 150 ans, à Pouébo, les dix guillotinés d'Uvanu

Des délégations ont afflué de toute la Calédonie pour ce rendez-vous très particulier.
Il y a 150 ans, le 18 mai 1868, dix habitants de Pouébo étaient guillotinés au lieu-dit Uvanu «pour avoir défendu leur terre contre la spoliation du gouverneur Guillain», relate la stèle qui leur est dédiée. Un épisode historique peu connu, qui a été commémoré par un demi-millier de personnes.
Le lundi 18 mai 1868, à 16h05 précises, dix Kanak étaient guillotinés à Uvanu. Une exécution qui se déroulait sous les yeux de la population de Pouébo. Ces hommes, dont le plus jeune avait dix-huit ans, avaient été condamnés «pour avoir défendu leur terre contre la spoliation coloniale du gouvernement Guillain», relate le monument en leur honneur, gravé de leur dix noms.

«On voulait le faire savoir au pays, parce qu'il y a le destin commun qui arrive, pour en faire une histoire commune.»


Une stèle spéciale a été apposée pour ce cent-cinquantième anniversaire.

Accusés d'avoir tendu une embuscade

Ils étaient accusés d’avoir tendu une embuscade au pont de Bwaïva, vers la tribu de Tchambouène. Les organisateurs du cent-cinquantième anniversaire souhaitent que leur histoire devienne commune. «Jusqu'ici, l'histoire d'Uvanu est restée dans l'ombre, explique Didaco Nonghaï, le vice-président du comité Uvanu. Mais il y beaucoup de choses négatives qui se sont passées. Et à travers ces 150 ans, on voulait le faire savoir au pays, parce qu'il y a le destin commun qui arrive, pour en faire une histoire commune.»

Exposition

Cet événement tragique demeure peu connu. Mais pour informer le public, une exposition a été dressée sur place. Elle rappelle l’histoire de Pouébo depuis l’arrivée des premiers missionnaires à Balade, le 21 décembre 1843. Un passé que se sont déjà approprié les enfants de Pweevo.

Des élèves de quatrième du collège Hippolyte-Bonou ont déposé des gerbes de fleurs sur le monument.

«J'ai des enfants qui ont le même âge que ceux qui sont morts. Ça m'a fait mal.»


Attentifs

Les personnes qui ont défilé devant l’expo ont lu avec attention les dates et la mention des différents événements survenus à Pouébo. «Quand les vieux en parlaient, je pensais que c'était des grands-pères, confie Marie-José, venue avec la délégation des femmes de Saint-Louis, au Mont-Dore. Et puis en arrivant ici, j'ai découvert que c'était des jeunes. J'ai des enfants qui ont le même âge que ceux qui sont morts. Ça m'a fait mal. Tout à l'heure, pendant la bénédiction, j'avais les larmes aux yeux parce que c'était émouvant.»

Durant les prises de parole des officiels.

«Conflits»

«Je suis venu pour éclairer un peu quelques endroits que je ne connaissais pas. Il y a beaucoup de choses que j'ai apprises, aujourd'hui, remarque pour sa part, Joseph, jeune habitant de Hienghène. Déjà, les années. Ce que j'ai retenu, c'est des conflits, en fait.»

Partage de l'histoire

Le comité Uvanu et la chefferie Mwelebeng auront atteint un objectif, en partageant l’histoire de leurs aïeux pour qu’elle ne soit plus la leur, mais celle de tout un pays.

Regardez également le reportage de Gilbert Assawa et David Sigal.
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