Meurtre à Pouébo le 1er mai 2021 : 12 ans de réclusion criminelle

L'accusé se décrit comme “réservé”, "pas méchant”.
Le 1er mai 2021, un homme de 43 ans, blessé au niveau de la veine jugulaire et de la carotide, décédait sur la voie publique, à Pouébo, dans la tribu de Yambe. Son agresseur a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises.

Une dispute sur fond d’alcool. Voilà le contexte qui a conduit à la mort d’un homme de 43 ans, le 1er mai 2021, à Pouébo. Ce jour-là, une journée festive est organisée par une association protestante dans la tribu de Yambé. Certains participants consomment beaucoup d’alcool. Trois d’entre eux finissent par quitter les lieux. Ce qui se passe ensuite reste flou. Mais une altercation les aurait opposés à propos de terres et d’un élevage de bétail.  

Des zones d’ombre 

L’accusé serait parti, suivi par la victime, qui tente de le convaincre de retourner à la fête. Vers 19h45, les gendarmes sont prévenus qu’un homme a été blessé par une arme tranchante et piquante. Trois blessures au niveau de la veine jugulaire et de la carotide, fatales. Un homme, âgé de 32 ans au moment des faits, a rapidement été placé en garde à vue. Une information judiciaire pour homicide volontaire ouverte.  

Devant la cour d’assises de Nouméa, ce mercredi 22 novembre, l’accusé explique avoir pensé “piquer” la troisième personne, elle-même armée d’un couteau de chasse. C'est avec elle qu'il se serait disputée.  Les zones d’ombre restent nombreuses dans ce dossier. 

L'accusé, "un homme sérieux, serviable, humble, calme et travailleur", mais...

L’accusé reconnaît avoir "piqué" une fois la victime au niveau de la carotide. Ensuite ? Il évoque un trou noir dû à l’alcool. Il se dépeint comme “réservé”, "pas méchant”. Il vit avec ses parents dans la tribu de Yambé et assure ne pas avoir de conflits avec les habitants de la tribu. 

Son avocat, Me Martin Calmet, et les témoins qui se succèdent à la barre parlent d’un homme sérieux, serviable, humble, calme et travailleur, sans antécédents judiciaires. Mais le trentenaire admet avoir un problème avec l’alcool, qui peut l’entraîner dans une colère noire. 

"Ce jour-là, j'ai tout perdu"

Le point de bascule semble-t-il. Un témoin, qui a offert à l’accusé et à la victime des couteaux le jour du drame, déclare que lorsqu’ils consomment de l’alcool dans la tribu, il y a toujours des bagarres. Ces couteaux, “un cadeau empoisonné qui a servi à commettre le meurtre”, constate Me Laure Chatain, avocate de la partie civile. 

Les membres de la famille de la victime sont nombreux à s’être porté partie civile. Sa femme est la seule à s’adresser à la cour. "Ce jour-là, j’ai tout perdu”. En se tournant vers l’accusé, elle souhaite qu’il prenne conscience du mal qu’il a fait. Elle pense à ses enfants, à ses beaux-parents, à ses beaux-frères et belles-sœurs, aux cousins de son mari défunt… 

Jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle 

Me Chatain décrit la victime comme un homme aimé, calme et d’une grande gentillesse, un “gros nounours” selon ses proches, un “Saint-Bernard” qui a tenté de rattraper l’accusé lors du drame et qui a finalement pris plusieurs coups de couteau de chasse.  

L'homme a été condamné par les jurés à 12 ans de réclusion criminelle, moins que la peine demandée : le ministère public avait requis 16 ans de prison à l’encontre de l’accusé, une privation d’inéligibilité durant 10 ans et une interdiction de détenir une arme durant 10 ans.