A Pouembout, le lycée Michel-Rocard s'accorde une poignée de main pour marquer ses trente ans

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Une poignée de main multicolore encadrée par une flèche faîtière et un cheval. Un symbole fort, en forme de devoir de mémoire, marque désormais l'entrée du lycée Michel-Rocard. L'établissement de Pouembout, né des accords sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, l'a inaugurée vendredi, marquant ainsi son trentième anniversaire.

Un des symboles les plus calédoniens qui soit. La poignée de mains entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou orne désormais l'entrée du lycée Michel-Rocard, à Pouembout. Il célèbre ses trente ans, l'établissement né et grandi par les accords qui ont accompagné les trois dernières décennies. C'est à cette occasion qu'une fresque a été conçue, et inaugurée vendredi 18 novembre. Riche en symboles, elle a été réalisée par des élèves accompagnés d'éducateurs et d'un artiste, dans le cadre d'un projet porté par la vie scolaire. 

Tout en symboles

"Au premier plan, on voit la poignée de main, de monsieur Tjibaou et monsieur Lafleur", a décrit un lycéen quand l'œuvre a été dévoilée. "Avec des mots dedans : culture, destin commun, éducation, avenir. C'est tous ces mots qui nous définissent dans ce lycée, a-t-il insisté. Nous avons un chambranle, ou la flèche faîtière, et le cheval. On a fait à côté des deux mains parce que ça différencie nos cultures. C'est nos deux manières de vivre ici, l'élevage, l'agriculture, et la culture kanak."

En ajoutant : "On a fait un arc-en-ciel derrière pour dire qu'il y a plusieurs ethnies en Nouvelle-Calédonie et dans ce lycée aussi. C'est ça qui maintient cette poignée de main." La fresque contient d'autres symboles. Cette phrase : "L'éducation d'aujourd'hui & l'avenir de 2 mains". Ou encore le visage de Michel Rocard et le nom des communes calédoniennes pour rappeler la dimension pays du lycée.

"Vous donnez envie qu'on s'investisse"

Le moment a été marqué en présence de nombreuses personnalités, dont les familles des deux leaders aujourd'hui disparus. "On ne peut que vous remercier de ce que vous nous offrez", a lancé aux centaines d'élèves Isabelle, fille de Jacques. "Merci à vous parce que vous représentez exactement la diversité de NC et vous donnez vraiment envie qu'on s'investisse pour vous."

Marie-Claude, veuve de Jean-Marie, a lu un extrait des Misérables, offrant à la jeunesse cette envolée de Victor Hugo : "Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête. Voilà l'exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise."

"Eviter de nous déplacer sur Nouméa"

"Ce projet de fresque sur le mur le mercredi après-midi a permis aux élèves internes, dont je fais partie, de se divertir, sachant que les activités autour du lycée sont assez restreintes", aura lancé une autre élève. "Mais également de représenter cette poignée de main qui nous a permis d'avoir un établissement avec des filières diversifiées et d'éviter de nous déplacer sur Nouméa pour pouvoir étudier."

Créé en 1992

"Le lycée agricole de Nouvelle-Calédonie de Pouembout a été créé en février 1992, suite aux Accords de Matignon, sur décision du Premier ministre, et la création de ce lycée s'inscrivait dans la volonté de développe l'agriculture en Nouvelle-Calédonie et de contribuer au rééquilibrage entre les provinces", comme l'a rappelé le vice-recteur Erick Roser. "C'est dans le même état d'esprit que dix ans plus tard, lors de l'Accord de Nouméa, il a été décidé de l'extension-rénovation pour en faire un lycée agricole et général." Finalisé en 2016 dans sa nouvelle configuration, ce qui est devenu un véritable pôle de formation dépasse aujourd'hui les 900 inscrits, dont plus de la moitié sont internes. Il est dirigé par Pascal Laborde.

En complément, cette interview de Nadeige Faivre, vice-présidente de la province Nord qui préside le conseil d'administration du lycée :

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Et puis coup d'œil dans le rétro avec ce reportage signé Guy Plazanet, vers 1991 :

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