Dans le quotidien compliqué d'un kinésithérapeute à Pouembout

Cabinet de kinésithérapie en Nouvelle-Calédonie, en mars 2020.
La crise sanitaire du Covid-19 change nos habitudes à tous. Sans réelle préconisation des autoritaires sanitaires en Nouvelle-Calédonie, les kinésithérapeutes ont dû s’adapter, avec difficulté. Rencontre avec le seul cabinet encore en activité en province Nord, à Pouembout.
Le Covid-19 a bouleversé le quotidien de Romain Terrat, masseur-kinésithérapeute diplômé d’Etat, établi à Pouembout.
 

Un des premiers changements est l’aménagement d’une des salles, de manière à pouvoir recevoir des patients également. Le but est au maximum d’éviter le croisement de deux personnes. Du coup, on a augmenté notre capacité d’une salle supplémentaire.

 

Les conseil de l'ordre

Les trois kinés de ce cabinet recevaient, avant la crise sanitaire, jusqu’à trente personnes par jour. Sans conseils de la Dass de Nouvelle-Calédonie, ils suivent les préconisations de l’ordre des kinésithérapeutes de Métropole. 
 

Dorénavant, nous recevons à peu près quatre personnes, simplement, par jour et ce chiffre est en diminution. Le but est d’arriver à zéro personne suivie au cabinet de kinésithérapie, le plus rapidement possible.

 

Un stock de masques

Si les locaux de Romain Terrat restent ouverts, c’est grâce à son stock de masques, qui va lui permettre de tenir trois semaines, voire plus. Il est aujourd’hui le seul cabinet encore en activité en province Nord. «Certains cabinets n’ont pas pu faire ces stocks-là à temps, ou alors étaient à la fin de leur stock, et se retrouvent avec pour seul outil la dotation de la Dass, qui est une dotation de cinquante masques, détaille-t-il. Ce qui est assez faible, en tout cas pour maintenir une activité.»
 

Beaucoup de cabinets, par choix par rapport à leurs conditions d’accueil, ont dû fermer leurs portes et ont dû même stopper certains soins parce qu’ils n’avaient pas les protections nécessaires.

 

Des choix à faire

Pour réduire le nombre de patients, ce professionnel de santé a aussi fait des choix. 
 

Privilégier les patients qui pouvaient potentiellement développer des séquelles s’ils n’avaient pas leurs soins à temps. Comme par exemple les suivis d’opération. Et très rapidement, il a été déplacé à domicile toutes les personnes qui potentiellement étaient à risques de voir leur santé aggravée par une autre infection. 

 

Peser le risque

S’adapter aux réalités du Covid-19 est contraignant, mais indispensable. 
 

Ça nous met en danger en tant que soignants. Il faut savoir que les masques qu’on porte protègent nos patients, mais pas nous. Ça met en danger le soignant, et sa famille. C’est pour ça qu’on juge vraiment entre le bénéfice et le risque potentiel que pourrait apporter une absence de soins pendant plus de deux semaines.

 

Perte conséquente

Cette crise entraîne une perte de 60% de l’activité pour Romain et ses collègues. Une situation rencontrée par tous les kinésithérapeutes en libéral du territoire.

Un reportage de David Sigal et Camille Mosnier : 
©nouvellecaledonie