Depuis le 1er février, les pêcheurs sont de retour dans les mangroves pour y débusquer des crabes et rejettent leurs filets sur les bancs de picots. Vendredi matin les étals de bord de route avaient des allures de marché aux poissons. À Oundjo, c'est affiché en toutes lettres : le picot et le crabe sont de nouveau disponibles à la vente.
Ces clients viennent de faire 30 km. Hors de question pour eux de manquer la première pêche de l’année
"On va les faire frire pour ce midi, ça va être vite fait, avec du riz coco bien chaud", se réjouit Edelweiss.
"On a rempli la glacière !"
Pendant cinq mois les picots ont eu un peu de répit. Les crabes pendant deux mois. Mais depuis le 1er février, c'est la fin de la trêve pour ces deux espèces prisées des pêcheurs de tout âge. "800 francs le kg ! Qui veut manger des picots ?", s'écrie John-Albert, 9 ans, debout devant le fruit de sa pêche dans la benne du pick-up de son père.
La veille, le jeune garçon a passé toute la journée dans l'eau avec son papa et son frère. "On a encerclé les picots, on a ramassé le filet et on est rentrés à la maison. On a rempli la glacière !", raconte avec fierté le jeune pêcheur.
Des tailles à respecter
Dans la glacière en question, près de 30 kg de picots. La réglementation impose une taille minimum de 20 cm pour le prélèvement de ce poisson. La même contrainte s'applique au crabe : la taille de son thorax doit être supérieure à 15 cm.
"Je prends mes deux doigts et je mets comme ça pour savoir s’ils sont à la bonne taille", explique Kapo, 9 ans elle aussi, un crabe aux pinces attachées par des bouts de manou dans les mains. La jeune pêcheuse ne rate jamais une occasion d'accompagner sa maman à la pêche, munie d'un bâton de bois, dans la mangrove, à la recherche de crabes de palétuviers. "On met le bâton dans le trou pour que le crabe s'accroche et on le tire. On a fait tous les trous jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus !", explique la jeune experte.
Ça nous fait plaisir et ça fait plaisir aux gens.
Marie Wabealo, pêcheuse professionnelle.
Seuls les pêcheurs professionnels peuvent vendre les produits de leur pêche. Marie Wabealo a son autorisation depuis 2019, elle marchande directement dans sa tribu. "Comme on vit au bord de la route, il y a plus de clients que de vendeurs, explique-t-elle. Toutes les voitures s'arrêtent pour acheter nos produits. Ça nous fait plaisir et ça fait plaisir aux gens."
Pendant toute la saison d'autorisation de pêche, Marie sera chaque vendredi sous cette guérite, à la sortie nord de la tribu de Oundjo.
Jusqu'au 31 mars pour l'autorisation
Les pécheurs du Nord ont jusqu'au 31 mars pour mettre à jour leur autorisation de pêche. Depuis le début de l'année la province Nord mène une campagne de prévention pour rappeler la réglementation en vigueur mais également pour sensibiliser à la gestion de la ressource.
Écoutez les explications de Ivy Dombal, chargée de la filière pêche à la province Nord, interrogée par Camille Mosnier et Brice Bachon.