Un projet d’hôtel trois étoiles à l’îlot Puen

Prévu d'ici fin 2021, cet établissement tourné vers l'environnement a déjà obtenu la défiscalisation locale. Vendredi, ses promoteurs ont présenté le projet en conseil municipal, à Boulouparis. 
C’est un petit coin de nature, à dix minutes de bateau, au départ du wharf de Bouraké, à Boulouparis. Une fois passé l’îlot Leprédour, l’îlot Puen se présente. C’est ici que les propriétaires de l’hôtel Gondwana, à Nouméa, veulent créer un établissement trois étoiles. 
« Cet îlot fait 300 hectares, ce qui fait un tour de 7 à 8 km, avec de quoi faire de belles balades, souligne Sébastien Plaquet, co-porteur du projet. C’est ce que j’appellerais un îlot de terre, avec une chaîne de montagne à l’intérieur qui s’élève à 100 m, et ça fait partie de notre slogan : un concentré de Calédonie puisque la côte Ouest présente une plaine et la côte Est est plus montagneuse. »
 

Soixante ans de présence sur l'îlot

Le site est loué depuis 1956 par la famille Creugnet. Dans les années 1970, le père, Jean-Louis, avait construit 20 bungalows. Depuis, un ranch et une ferme ont vu le jour. Sa fille Savina et son compagnon Sébastien travaillent depuis 10 ans sur un nouveau projet : « L’hôtel va comporter dix studios indépendants face à la mer (deux personnes plus un clic-clac). Dans toute la plaine, il va y avoir une trentaine de bungalows, qui peuvent accueillir six à huit personnes, avec deux chambres séparées et un restaurant pour que tout le monde puisse se restaurer sur place. » 
Le complexe s’appuiera également sur des activités touristiques existantes, telles que « le ranch équestre dans la baie d’à côté et, dans la baie d’après, une ferme certifiée bio, avec un élevage de boeufs, de cerfs et de poules. » 
 

Un hôtel à 2 milliards

Ce futur hôtel d’un montant d’un peu plus de 2 milliards de francs suscite des interrogations et fait l'objet d'une pétition. Vendredi soir, pendant deux heures et demie, les promoteurs ont présenté et débattu avec les habitants et les élus, lors du conseil municipal. Près de quatre-vingt personnes ont fait le déplacement. 
Alors qu’une simulation graphique détaille le projet, les questions, elles, fusent : contexte de l’hôtellerie, dimensionnement de la structure, et accès à la zone maritime de l’ilot…
« On n’avait pas compris qu’il s’agissait d’un projet écologique », confie Bernard Bellier, un riverain, tout en faisant part de ses préoccupations quant à l'accès aux zones de pêche et de baignade : « On a peur de ce qui arrive aux îlots de Nouméa, comme l’île aux Canards ou l’îlot Maître ». Des craintes levées pendant cette rencontre puisque l’accès à l’île restera public. 

La question de l’eau

La principale inquiétude reste l’impact environnemental. Et notamment la question de l’eau. « C’est une consommation la plus minime possible, notamment grâce à des équipements peu gourmands en eau, explique Savina Creugnet, co-porteuse du projet. Derrière, on a mis aussi des toilettes à compost, ce qui représente déjà un quart de la consommation en eau. »

Toute l’eau utilisée dans les toilettes et les douches va être retraitée dans les stations de micro-épuration. Ce qui va nous permettre d’arroser les espaces verts très secs ici. 
-Savina Creugnet, co-porteuse du projet 


Hôtellerie et défiscalisation 

Parmi les autres points soulevés par le public vendredi : la fréquentation hôtellière en Calédonie, qui n’est pas toujours au rendez-vous. Un problème qui touche surtout les hôtels publics et non les structures privées, répondent les promoteurs, qui ont rappelé l’excellent taux de remplissage du Bétikuré à Bourail et qui s’appuient sur les conclusions de l’étude de marché réalisée par TNS/Sofres. 
L’hôtel Gondwana Puen a d'ores et dejà obtenu la défiscalisation locale mais il lui faudra l’aide nationale pour lui permettre de voir le jour. Gouvernement, province et aire coutumière ont donné leur aval. 
 

Un savoir-faire 

Les porteurs du projet ne sont pas novices dans le domaine. Savina Creugnet est titulaire d’un MBA sur la promotion touristique de la France en Australie tandis que Sébastien Plaquet est fils d’agriculteurs. Leur hôtel Gondwana à Nouméa est certifié HQE (haute qualité environnementale).
Avec ce nouvel hôtel, le couple espère créer vingt emplois directs dans la région. Il compte également proposer à leur clientèle d’opter pour une compensation carbone en replantant des arbres. La nuitée devrait coûter aux alentours de 16 000 francs et 1 500 francs la navette maritime aller-retour. Une navette que les deux promoteurs espèrent voir fonctionner à l’énergie électrique, tout comme les véhicules circulant sur l’îlot. 

Le reportage de Martin Charmasson et Gaël Detcheverry
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