Coups de feu et tentes brûlées à Bourail devant le tribunal

La justice examine des faits survenus le 5 mars sur une propriété de Nouvelle-Calédonie, à Bourail. Un père et son fils ont violenté des chasseurs, tiré sur leur voiture et mis le feu aux tentes. Les victimes ont dû quitter le domaine à pied, en pleine nuit.
Après l’énoncé des faits, vendredi 21 juillet, le président du tribunal Joaquim Fernandez s’adresse au prévenu. «Pourquoi vous en êtes-vous pris à eux ? A l’heure où l’on parle de vivre ensemble…» A la barre, un homme d’une cinquantaine d’année, exploitant minier sur Kouaoua, et son fils de 19 ans.

Nuit de frayeur

Ils n’osent pas répondre aux questions. Placés sous contrôle judiciaire depuis le 9 mars, ils sont poursuivis pour violences en réunion sur trois personnes et pour destruction et dégradation de biens. «Ce que je retiens, c’est la peur des victimes», assure Maître Châtin, avocate de la partie civile. Une nuit de frayeur pour un père amoureux de la chasse, son fils de treize ans et un ami de son fils.

Pas au courant

Il était une heure du matin, le dimanche 5 mars, lorsque le principal mis en cause et son groupe de chasse d’environ sept personnes sont arrivés sur sa propriété. Ils voulaient chasser et avaient sorti l’artillerie lourde. Le projecteur et les armes. A leur arrivée sur place, ils ont constaté qu’une voiture était garée près du faré de la propriété. C’était celle de la victime et de son fils. Ils avaient été invités sur le domaine par le cousin du prévenu, qui n’avait pas pris le soin de le mettre au courant.

«Dans la toute-puissance»

Sur les lieux, des tentes étaient disposées et des armes étaient posées sur la table, dans leurs mallettes. Le prévenu a tiré en l’air. «Cela fait plusieurs fois que j’arrive dans mon terrain et qu’il y a des gens. Mais là, ils avaient ouvert le chalet», déclare-t-il au tribunal, l'air détaché. Une attitude qui exaspère l’avocate de la partie civile : «On est dans la toute-puissance parce que le prévenu a beaucoup d’argent.»

Enchaînement

Les victimes étaient en train de dormir dans leurs tentes lorsque le père a entendu des coups de feu qui se rapprochaient. Il s’est avancé vers une lumière qui l’a ébloui, celle du projecteur orienté sur lui. Il n’a pas eu le temps de s’expliquer que le prévenu lui lançait un coup de poing en le traitant de tous les noms. L’homme s’est retrouvé à terre dans les brousses. Ensuite, trois coups ont été tirés sur le Ford Ranger de la victime. Deux balles dans le moteur et une autre qui a traversé la voiture, ensuite détruite par les prévenus.

Verdict vendredi

Le cinquantenaire a demandé à son fils de casser les armes, puis de mettre feu aux tentes. Heureusement, les deux adolescents qui dormaient ont fui leur campement pour trouver un lieu où se cacher. Pour Maître de Greslan, avocat de la défense, «nul n’est censé se faire justice soi-même», mais «des infractions ont été commises par les victimes aussi». Le président du tribunal, de son côté, ironise: «Pour un petit notable, ceci n’est pas une démonstration de tolérance.»
Le ministère public a requis une peine privative de liberté. Le verdict est attendu pour le vendredi 28 juillet.