Cette semaine le nickel étincelle, mais la fonte à bas coût pourrait mettre sous pression le ferronickel calédonien

Koniambo Nickel (KSN) en Nouvelle-Calédonie
En 2018, durant six mois, le nickel a été la vedette du marché des métaux. Selon les données publiées par le cercle d’études Cyclope, la tendance au reflux s’est amorcée dès l’été 2018. En 2019, une menace plane, celle du nickel chinois et indonésien à bas coût (NPI).
 
Philippe Chalmin, professeur de l’université Paris-Dauphine et fondateur de l’institut Cyclope évoque pour le nickel : "Une année 2018 en cloche", une "montagne russe", avec un haut puis un bas, en référence au dessin de la courbe des prix du métal produit notamment en Nouvelle-Calédonie. Pour 2019 ? Le danger, c'est la fonte de nickel à bas coût, le "NPI" précise celui qui est aussi historien des matières premières.

2018 : hausse et déclin du nickel

Le nickel a suivi cette trajectoire, avec une progression moyenne de 26 %, mais finissant l’année plus bas qu’il ne l’avait entamé. "Les marchés des matières premières [LME de Londres et SMM de Shanghai ndlr] ont été touchés par un changement d’humeur sur l’économie mondiale alors que les fondamentaux restaient solides", précise Philippe Chalmin, avant de poursuivre  : "les métaux ont été le jouet d’une situation géopolitique mondiale qui sous la houlette quelque peu déréglé des Etats-Unis de Donald Trump, a été particulièrement imprévisible."
 

Nickel Pig Iron

Le contexte de guerre commerciale avec la Chine et les taxes américaines sur l’acier (nickel) inoxydable ont lourdement pesé en 2018. Prédire l’avenir pour le nickel est difficile, même si les négociations sino-américaines progressent : "Comparaison n’est pas raison, mais 2019 s’ouvre alors que brillent encore les étoiles de la troisième révolution industrielle à l’heure des véhicules électriques (…) pour les cours du nickel, je suis dubitatif, en raison de la forte augmentation prévue de la production de Nickel Pig Iron (NPI) en Chine et en Indonésie, un substitut bon marché au ferronickel calédonien" résume Philippe Chalmin. Le NPI est une matière à basse teneur de métal, une fonte de nickel pouvant être utilisée dans la fabrication de l’acier austénitique de série 200, contenant de 1 % à 6 % de nickel. Cette fonte a été produite dans des hauts-fourneaux anciens très polluants avec des minerais latéritiques de basse qualité, du charbon à coke et beaucoup d’électricité. Depuis 2011, une nouvelle technologie avec des fours électriques, plus économes ont encore réduit les coûts de production du Nickel Pig Iron.
 

La semaine à Londres

Cette semaine, les cours du nickel ont progressé de 5,13 %, le métal a franchi le seuil des 12.000 dollars la tonne pour finir vendredi en soirée à 12.517 dollars. L’une des raisons avancées pour cette hausse est à rechercher dans les conséquences de la tragédie minière survenue chez Vale au Brésil. Le 25 janvier, un barrage minier de la seconde entreprise Brésilienne a rompu au Brésil, provoquant une gigantesque coulée de boue et la mort d'au moins 60 personnes. Des analystes ont froidement indiqué que la baisse des exportations de fer du géant brésilien (-1,5 %) consécutives à l’arrêt de la production minière du site concerné (mine de Corrego do Feijao) a eu des répercussions "positives" sur les cours mondiaux du nickel, (fer et nickel étant produits sur des sites miniers souvent similaires au Brésil.) Le fer a donc grimpé et a atteint son cours le plus élevé de ces seize derniers mois, en hausse de 6 % a indiqué une note de Seeking Alpha Commodities publiées le 28 janvier. "Il y a des spéculations sur le fait que Vale pourrait voir sa production de nickel elle aussi affectée au Brésil" indique Dee Perera, analyste chez Marex Spectron. 

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 12.595 dollars, en hausse de 1,02 % vendredi soir. Il progresse de + 5,67 % sur la semaine. ERAMET semaine + 5,24 % Glencore semaine + 2,45 % Vale semaine - 8,15 %.