Forêt menacée, eau potable en danger

Randonnée instructive sur les problèmes de ressource en eau avec le Conseil de l'eau des 3 communes à La Foa. ©nouvellecaledonie
Le Conseil de l’eau des 3 communes qui regroupe La Foa, Farino et Sarraméa a organisé une visite guidée de la forêt de Dogny. L’idée, faire connaître les problématiques qui menacent le captage situé juste en dessous et qui alimente toute la région en eau potable.

La saison sèche est à peine entamée mais déjà les réserves en eau sont menacées. Une situation dont les Calédoniens n’ont pas forcément conscience après trois années marquées par les crues provoquées par le phénomène La Niña. Alors le conseil de l’eau de la région de La Foa a pris ce week-end une initiative : emmener une vingtaine de randonneurs en forêt de Dogny pour leur permettre de se rendre compte du problème.

"Car on peut parler des heures dans des bureaux à Nouméa, le concret, il est là : nos captages, nos forêts ne vont pas bien, martèle le président du conseil de l’eau, Régis Duffieux. Il faut faire quelque-chose, réguler le cerf, le cochon , et l’autre problème, ce sont les feux. La conséquence de tout ça, c’est qu’il n’y a plus d’humus et donc rien pour drainer l’eau."

On peut parler des heures dans des bureaux à Nouméa, le concret, il est là : nos captages, nos forêts ne vont pas bien.

Régis Duffieux, président du Conseil de l'eau des 3 communes

La forêt d'altitude, "château d'eau" de la Calédonie

Il suffit d’ailleurs de quelques minutes de marche pour que l’hydrologue qui accompagne le groupe, Pierre Genthon, ne décèle la première anomalie dans le paysage : une savane à niaoulis, anodine pour les non initiés, mais qui est le signe "d’incendies répétés, explique Pierre Genthon. C’est ce qu’on appelle des formations secondaires, car le niaouli résiste au feu grâce à son écorce gorgée d’eau."

Mais le véritable problème se situe plus haut, sur le plateau de Dogny et plus généralement dans la chaîne centrale, considérée comme le château d’eau de la Nouvelle-Calédonie. Comme le démontre à nouveau Pierre Genthon alors que le groupe de marcheurs fait une pause dans une clairière ombragée. Une clairière qui ne devrait pas être là : "Là, on voit que les tiges, s’exclame l’hydrologue en se penchant sur ce qui devrait être un arbrisseau. Il n’y a plus une seule feuille. C’est un endroit où les cerfs étaient tranquilles.  Ils avaient la fraîcheur, alors ils ont mangé tout ce qu’ils ont pu manger. On voit bien l’impact sur le sous-bois et si les cerfs continuent à venir ici, tout cet endroit ça va mourir."

Oui, les Calédoniens devraient s’inquiéter!

Pierre Genthon

Hydrologue

Une vision alarmiste? Pas du tout, selon l’hydrologue qui estime que les rivières de La Foa devraient atteindre un niveau historiquement bas dès le début du mois de septembre. Alors "oui, les Calédoniens devraient s’inquiéter", affirme le spécialiste. A terme, si rien n’est fait, notamment pour réguler les populations de cerfs et de cochons, la forêt pourrait même avoir disparu d’ici 50 ans.