En quittant La Foa vers le nord, juste après l'embranchement pour Farino et Sarraméa, se dresse la serre Fleury de Fonwhary. Lorina repart les bras chargés. Cette fois, elle embarque une pastèque, un pot d'ananas et une orchidée. "Je viens de Kouaoua, et je m'arrête toujours ici quand je reviens des courses à La Foa. Depuis l'ouverture, je prends des fleurs et c'est réussi. J'aime bien parce que c'est planté naturellement, sans engrais."
Dépôt-vente
Sur les pots, un montant et un numéro. Sylvie Poukiou s'applique à noter ces éléments dans son registre. Le numéro lui permettra de retrouver la ou le propriétaire de la plante, et de lui verser son dû. "C'est un dépôt-vente, comme on faisait dans l'association des femmes de Sarraméa. J'ai repris ce modèle pour toutes les mamans qui plantent, qui ont des fleurs ou qui ont quelque chose qui a trait au jardin. Elles peuvent venir déposer leur production contre un petit loyer au mois, et 20 % du prix de vente."
Les plantes, fruits, légumes, viennent de partout : de la région, jusqu'à Poya, Poindimié, Houaïlou, Thio, Païta, Nouméa... "Ça marche très bien. On n'est pas des millionnaires, mais quand une maman passe deux semaines après avoir déposé ses fleurs et qu'elle récupère 20 ou 25 000, quand tu vois son sourire... Tout le monde est content."
Vingt-six ans que Sylvie Poukiou est pompière au centre de secours de La Foa, où elle a grandi. Après 24 heures de garde, elle a 48 heures de repos, qu'elle passe à la serre. Sa sœur prend le relai les autres jours, de manière à ouvrir toute la semaine. "J'ai la pépinière derrière, je repique et j'essaye de combler quand les mamans n'ont pas de plantes spécifiques et qu'on m'en demande."
"Il faut pousser les portes"
Deux ans près l'ouverture de la structure, Sylvie se souvient de l'énergie qu'il a fallu pour définir le statut de son entreprise. "C'est quelque chose qui n'avait jamais été fait, et je ne rentrais pas dans les cases : soit tu étais maraîcher, soit vendeur. Et moi, je fais plusieurs choses : de la plantation, de la revente, de la location..."
Ça n'est pas évident de porter des projets comme ça, toute seule. On a beaucoup d'aides : il faut pousser les portes, il faut avoir le culot d'aller se renseigner auprès de la province, de la mairie, des agriculteurs pour avoir des conseils. Aujourd'hui, je ne regrette pas : on vit une seule fois, donc à fond la caisse comme on dit !
Sylvie Poukiou, fondatrice de la serre Fleury
"Il faut aimer les plantes. Si tu fais ça pour l'argent, ou pour dire que tu fais quelque chose, non. La nature n'a pas besoin de nous, mais on a besoin d'elle pour vivre. J'apporte aux plantes, comme elles m'apportent cette énergie pour continuer." Avec "du courage, de la volonté, et surtout du travail", Sylvie Poukiou, 49 ans, a transformé sa passion pour les plantes en deuxième métier. À croire qu'elle ne s'arrête jamais de travailler.