Comment aider les jeunes à forger leur esprit critique ? La question intéresse particulièrement le vice-rectorat, à l’heure des "fake news" qui circulent sur les réseaux sociaux. Ce 26 novembre, Didier Vin-Datiche, le vice-recteur de la Nouvelle-Calédonie, a signé une convention avec NC la 1ère pour renforcer l’enseignement de l'Éducation aux médias et à l’information en milieu scolaire. Qu'est-ce que l'EMI ? Pourquoi avoir créé ce partenariat et en quoi consiste-t-il ? On vous en dit plus.
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L'EMI, un programme pour former les citoyens de demain
L'Éducation aux médias et à l'information est entrée en vigueur en milieu scolaire en 2016. Il s'agit de permettre aux élèves de devenir des cybercitoyens actifs et éclairés dans une société où le flot d'informations est continu. Cet enseignement s'adresse aux élèves des classes élémentaires à la Terminale. Multidisciplinaire, il est le plus souvent enseigné par les professeurs de français et les professeurs documentalistes.
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Un partenariat entre France Télévisions et l'Éducation nationale
Dès le 12 avril 2023, Pap Ndiaye, alors ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, et Delphine Ernotte Cunci, la présidente de France Télévisions, ont signé une convention. Elle est destinée à renforcer le partenariat entre le service audiovisuel public et le ministère mais aussi à formaliser leur engagement en faveur de l'Éducation aux médias et à l'information.
Cela permet au groupe France Télévisions de participer aux journées consacrées à la lutte contre la désinformation et à l'EMI. Or, ce partenariat vient de connaître une nouvelle étape avec la signature, ce 26 novembre, d'une convention entre le vice-rectorat de Nouvelle-Calédonie et NC la 1ère.
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Un cours imaginé à plusieurs
La signature de cette convention parachève un projet pilote mené cette année au collège de Portes-de-Fer à Nouméa. Sandrine Curti, professeur documentaliste, Stéphanie Courjault, professeur de français et Gonzague de la Bourdonnaye, journaliste et responsable de la communication et des partenariats à NC la 1ère ,, ont créé ensemble un projet pédagogique autour de l'Education aux médias et à l'information." On était réellement en co-enseignement, insiste Stéphanie Courjault. Rencontrer un professionnel de l'information a permis de rentrer dans le sujet."
Réaliser un cours n'a pas été tâche facile pour Gonzague de la Bourdonnaye, qui a dû se familiariser avec la pédagogie. "Imaginez, pour des saltimbanques comme nous, journalistes, de rentrer dans la tête des enseignants et le fonctionnement de l'Education nationale. Au début, c'était un peu du serbo-croate !" , sourit le journaliste, qui a validé une formation certifiée dans l'Hexagone, aux côtés de cinq autres confrères.
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Distinguer le vrai du faux
Apprendre à s'informer, en différenciant une info d'une infox : c'est le thème qui a été retenu pour ce projet d'EMI au collège de Portes-de-Fer. Il avait mûri avant les émeutes du 13 mai mais il s'est concrétisé au second semestre, avec les premiers volets dispensés au mois de septembre.
Une vingtaine d'élèves a appris à vérifier ses sources en pleine émergence de l'intelligence artificielle, à comprendre le fonctionnement des médias et à sélectionner des informations pour réaliser un podcast. "L'information se diffuse à une vitesse très rapide avec les réseaux sociaux. Or, l'immédiateté fait qu'on n'a plus l'esprit critique pour différencier le vrai du faux", observe Sandrine Curti.
La professeure documentaliste en a fait l'expérience avec ses élèves. "Quand on les a interrogés sur leurs pratiques, on a été un peu stupéfaits de voir que pour s'informer, les élèves vont suivre des personnes sur Internet et au lieu de vérifier l'information, ils vont regarder les commentaires et se dire : lui a dit ça, donc c'est vrai".
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Un projet voué à se multiplier
Ce programme pilote est destiné à s'étendre à d'autres établissements. Les professeurs intéressés doivent entrer en contact avec le Clemi ou l'inspecteur d'académie. "Deux autres établissements nous ont déjà fait signe", indique Gonzague de la Bourdonnaye.
Le journaliste et les enseignants décident ensuite de la thématique qu'ils veulent développer au cours de ces ateliers. "On peut très bien utiliser le projet qui est déjà tout prêt et que l'on peut réadapter selon les établissements. Chaque professeur amène sa vision. Et moi, en tant que journaliste, je m'adapte à leur cours."
Ce projet a eu aussi pour effet de restaurer la confiance entre ces jeunes et les médias. "Après les émeutes, il y a une sorte de défiance qui s'est installée avec les professionnels de l'information, notamment due à une méconnaissance du métier. Avoir un journaliste qui s'exprime sur sa façon de travailler, c'est une rencontre humaine qui permet de mieux se connaître."
Les journalistes d'autres organes de presse sont invités à rejoindre le mouvement et à passer leur certification d'Éducation aux médias et à l'information.