Le papillon piqueur est de retour à La Foa

En quinze jours, La Foa, la capitale des agrumes, a été ravagée par l'insecte installé dans les vergers. Entre 50 et 100% de la production est détruite. Grosse inquiétude chez les producteurs dépités par ce fléau.
« Elle s’est fait piquer quatre fois. Vous voyez les trous que ça fait après ? Voilà… »
André Estieux, producteur d’agrumes à La Foa, a vu en moins de quinze jours la production d’une année de travail mise à terre par une nouvelle attaque des papillons piqueurs. 
« Tout est mort. Aujourd’hui, on est à 95 %, pratiquement 100 % de perte. Déjà, on avait été touchés par le cyclone, qui avait déjà détruit une vingtaine de % et tout ce qui reste, aujourd’hui tout est mort. En quinze jours de temps, ils ont arrivés par milliers, des vagues de papillons. Hier soir, j’ai trouvé encore des oranges où il y avait quatre papillons sur la même orange, tellement il y en avait ».

Et c’est l’ensemble des producteurs de La Foa qui sont touchés. Soit 70% de la production d’agrumes en Nouvelle-Calédonie qui est touchée. Plus de trois milles tonnes de fruits tombés à terre prématurément.
« Moi ça fait plus d’un mois qu’ils tombent chez moi » confie cet autre agriculteur. 
 

Une prolifération due à la sécheresse 

Le papillon piqueur, le même qui a déjà sévit en 2016. Prédateur nocturne insaisissable. Impossible de combattre ses effets. Tout juste sait-on les conditions qu’il affectionne pour proliférer et attaquer les vergers.
«  C’est dû aux sécheresses que l’on a qui sont effectivement assez répétitives depuis à peu près six ans » explique Yann Soury-Lavergne, producteur d’agrumes. « Ces sécheresses induisent un déséquilibre entre ses chenilles et les prédateurs, et au moment des premières pluies, la chenille a un pouvoir de multiplication qui est beaucoup plus fort que tous les prédateurs naturels qu’il peut y avoir. Et c’est pour ça qu’on se retrouve avec des grosses populations de papillons piqueurs ». 
La quasi intégralité de la récolte est perdue.

Au-delà des oranges, navel et valencia, des mandarines et des limes c’est à terme toute la production de fruits et légumes qui menacée. Ananas, bananes, tomates, courgettes : le papillon piqueur n’est jamais rassasié. Et pour l’heure aucune parade n’a été trouvée.
Le reportage de Bernard Lassauce et Laura Schintu
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