"Tout ce que l'on veut, c'est améliorer les conditions de la fourrière animale en Nouvelle-Calédonie, car elles sont catastrophiques. Donc on a fait des propositions, monté un dossier, écrit au maire, fait une pétition, et on a eu plus de 6 000 signatures manuscrites", détaille Aurélia Nickel, l'un des membres fondateurs d'Ensemble pour une meilleure fourrière animale (EMFA).
Le collectif s'appuie sur des exemples comme le syndicat intercommunal pour la gestion de la fourrière animale (SIGFA) des communes polynésiennes de Punaauia et Paea, ou le syndicat gestion fourrière animale du Loiret (SGFA). "Ce que l'on réclame, c'est une page Facebook, explique Aurélia Nickel. Ici, ce sont des bénévoles d'autres pages Facebook qui publient les photos des chiens qui sont capturés à la fourrière, et ce sont eux qui les mettent à l'adoption. En Polynésie par exemple, la fourrière publie les photos des animaux sur une page Facebook, après, au bout de huit jours ouvrés, ils les mettent à l'adoption, enfin, ils vont chercher sur le terrain, font de la sensibilisation, des portes ouvertes, des matinées d'adoption... Mais ici, ils ne font rien du tout. C'est une fourrière tueuse que l'on a, tout simplement."
Ce que l'on réclame, c'est une page Facebook. En Polynésie, la fourrière publie les photos des animaux en ligne, et au bout de huit jours, ils les mettent à l'adoption. Ils font de la sensibilisation, des matinées d'adoption... Mais ici, ils ne font rien du tout. C'est une fourrière tueuse que l'on a, tout simplement.
Aurélia Nickel, d'Ensemble pour une meilleure fourrière animale
Des "progrès sur la gestion animale à la fourrière"
"J'ai eu un rendez-vous à la mairie du Mont-Dore, parce qu'ils ont la présidence du Syndicat intercommunal du Grand Nouméa (SIGN), mais avec les émeutes, les choses ont été mises en attente, car tout le monde a d'autres préoccupations."
"Le collectif EMFA a lancé une pétition qu'ils ont présentée aux communes de l'agglomération, mais pas au SIGN, signale le président du Syndicat intercommunal du Grand Nouméa, Olivier Berthelot. Ils refusent également de répondre favorablement à nos sollicitations pour que l'on puisse enfin échanger ensemble. Je trouve que c'est vraiment dommage, parce que nous considérons que la cause animale, c'est quelque chose d'important. Et pour travailler sur ce sujet sérieux, on a besoin d'avoir des gens responsables et de bonne foi. Donc, encore une fois, je les invite à venir nous voir pour qu'on puisse trouver des solutions. C'est le travail que l'on effectue avec cinq autres associations, qui nous ont permis de faire des progrès sur la gestion animale à la fourrière."
Nous considérons que la cause animale est quelque chose d'important. Et pour travailler sur ce sujet sérieux, on a besoin d'avoir des gens responsables et de bonne foi.
Olivier Berthelot, président du Syndicat intercommunal du Grand Nouméa
Un compte Facebook actif annoncé pour 2025
Une page Facebook a été créée par le SIGN en septembre 2024, mais elle ne compte encore aucune publication. "On a un travail qui est en cours, qui n'a pas tout à fait abouti, confirme Olivier Berthelot, qui est également élu de la commune du Mont-Dore. L'idée, c'est d'avoir un outil en parallèle de notre site internet, de pouvoir amener des éléments, faire des liens pour renvoyer sur notre site web, afin que nos administrés puissent consulter [les profils des animaux]. On pense qu'on va arriver à la faire vivre avant la fin du premier trimestre 2025."
"On parle de ce que le SIGFA met en place, mais c'est une structure qui est complètement différente, et puis un contexte, une vision qui diffèrent des nôtres. On n'est pas un chenil, on est une fourrière et on a peu de boxes disponibles. Malheureusement, on n'a pas la structure, et on n'a pas les moyens humains associés pour organiser des portes ouvertes, explique Olivier Berthelot. Et ça n'est pas prévu dans nos statuts."
"Chien-saucisson"
"Quand on voit ce que fait la Polynésie, c'est impressionnant. De notre côté, on pense que c'est normal, plutôt, renchérit Aurélia Nickel. Et la loi oblige à ce que les agents de fourrière s'y connaissent un minimum sur les animaux, mais au SIGN, il leur arrive de mettre "race indéterminée" pour un pitbull par exemple. La dernière fois j'ai vu un teckel, il y avait marqué "chien-saucisson". Les gens adoptent sur photo, et elles ne sont pas terribles."
Sur la page du SIGN, ce vendredi 20 décembre, sept chiens figurent dans la catégorie "animaux capturés". Les associations comme le RANC ou des comptes comme Lostdog les reproduisent sur leurs supports. C'est le seul moyen de montrer les chiens et chats capturés, dans l'espoir qu'ils soient adoptés plutôt qu'euthanasiés.
Impossible de conserver les chiens trop longtemps
Comment fonctionne la fourrière ? Lorsqu'un animal est capturé, les gardes champêtres vérifient s'il est pucé. Si c'est le cas, ils accèdent à une base de données avec le nom du maître et son adresse. "On le contacte dans les meilleurs délais, pour lui ramener son animal, moyennant un timbre-amende, précise Olivier Berthelot. Si le chien ou le chat n'a pas de puce, on l'amène à la fourrière et on met sa photo et un descriptif sur notre site web. À l'issue des huit jours francs, les associations sont prévenues et elles peuvent venir voir l'animal, et éventuellement le mettre à l'adoption. S'il est adoptable, c'est une bonne nouvelle, ce chien sort sans frais de la fourrière et il va dans une famille d'accueil."
L'euthanasie des animaux, ce n'est surtout pas un but recherché
Olivier Berthelot, président du SIGN
"Si le chien n'est pas adopté ou n'est pas adoptable, potentiellement, il peut partir en euthanasie, mais pas avant 15 jours minimum, affirme Olivier Berthelot. Le souci que l'on a aussi, c'est qu'on ne peut pas conserver un chien de façon longue à la fourrière, parce qu'après, les associations nous disent que ça devient aussi de la maltraitance que d'avoir un chien dans un box enfermé. Donc, la limite haute, généralement, c'est un mois."
Une aire de détente pour sortir les chiens
"Les chiens sont dans des geôles, ils sont mouillés quand ils passent le jet d'eau, ils ne vont pas en promenade : les conditions sont catastrophiques, alerte Aurélia Nickel, d'Ensemble pour une meilleure fourrière animale. Ils attendent juste que leurs propriétaires viennent les récupérer..." Ou ils attendent la mort. "Le problème qu'il y a, c'est que peu de gens connaissent le principe de la fourrière. On s'imagine que c'est une fourrière refuge. Leur site internet, où ils mettent les photos des chiens capturés, date de Mathusalem. C'est une horreur pour le trouver."
Olivier Berthelot confirme : "Jusqu'à maintenant, il n'y avait pas de parc et les chiens n'étaient pas sortis. Par contre, dès la semaine prochaine, va commencer la réalisation de ce qu'on appelle une aire de détente. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie nous a octroyé une subvention pour la réaliser sur nos installations. Ça sera aussi un travail à faire avec les associations, qu'elles puissent venir sortir les chiens. Vous comprenez bien que, nous aussi, avons un souci de gestion du personnel."
27 500 francs à payer pour récupérer un chien au bout de huit jours
"Ils n'acceptent pas les chèques et on ne peut payer en plusieurs fois. Les sommes sont astronomiques pour sortir les animaux, donc il y a des familles qui les abandonnent parce qu'ils n'ont pas les moyens", selon Aurélia Nickel. Concernant les tarifs, ils ont évolué et ont été fixés par délibération en février 2024.
La capture coûte 4 500 francs, 8 000 en cas de récidive, le traitement antiparasitaire 2 000 et un jour de garde 3 500. Ce tarif journalier "est plus cher que toutes les pensions du territoire". Si le chien reste huit jours avant d'être adopté, sachant que le premier et le dernier jours ne sont pas facturés, le maître devra donc débourser 27 500 francs pacifique.
"En effet, le paiement doit se faire au comptant, sauf cas exceptionnel, assure Olivier Berthelot. On a plafonné les frais, justement pour ne pas que ces dépenses soient inaccessibles pour le propriétaire de l'animal. Aujourd'hui, les recettes qui sont générées à la fourrière par ces frais que les administrés doivent payer pour récupérer leurs animaux arrivent tout juste à payer l'alimentation, les soins vétérinaires et les mesures d'hygiène".