Les lycéens de Dumbéa et du Mont-Dore retrouvent progressivement leur établissement

Environ 300 lycéens ont repris les cours ce mardi 9 juillet, au lycée Dick Ukeiwë après huit semaines d'interruption.
Après deux mois de fermeture, le lycée Dick-Ukeiwë, à Dumbéa, et celui du Mont-Dore ont rouvert leurs portes. Une reprise particulière, dans un contexte encore fragile après deux mois de crise en Nouvelle-Calédonie.

Ils ne s’étaient pas revus depuis huit semaines, pour la plupart. Au lycée Dick-Ukeiwë de Dumbéa, ce mardi, les élèves de terminale technologique et leur professeure principale sont de retour en classe, tout comme les élèves de BTS. "C'est dur d'être à la maison et de travailler, surtout que je n'ai pas vraiment d'ordi et la connexion, ce n'est pas ça", confie Jonë Hnautra, élève de terminale. Toutes et tous vont devoir être assidus, notamment avec le contrôle continu mis en place pour le baccalauréat en fin d'année.

D'abord un temps d'échange

Cette première matinée de reprise débute par un temps d’échange, pour tenter de reprendre dans les meilleures conditions. "On a repris ce qui avait été fait dans d'autres établissements, notamment sur les émotions, et travailler sur les règles de communication" explique Hélène Chardon, professeure d’économie et de gestion. Se retrouver, trouver les mots, raconter les difficultés de la vie quotidienne… Dans ce vaste établissement de Dumbéa, tout est mis en œuvre pour endiguer la violence extérieure, entre mesures sécuritaires et prévention.

Un nouvel espace pour libérer la parole

En ce jour de reprise, près de 300 lycéens ont eu la bonne surprise de découvrir un tout nouvel espace. Un lieu d’écoute ouvert en continu du lundi au vendredi, qui va leur permettre de "se sortir des émotions", explique Karine Detcheverry, infirmière scolaire au lycée. 

Un retour bien préparé et échelonné. L’occasion, pour le proviseur, de rappeler le règlement intérieur et de répondre aux préoccupations des jeunes. Le contrôle continu, la sécurité au lycée... chacun a pu poser des questions. "J'ai répété maintes et maintes fois que le site est un espace protégé. On a 260 personnels qui travaillent sur site et on fait une rentrée progressive donc on a pris un maximum de dispositions", explique Frédéric Girot, le proviseur.

Parmi ces dispositions, la présence des forces de l’ordre aux heures d’affluence. Au lycée Dick-Ukeiwë, le plus grand de Calédonie, 1 800 élèves sont attendus cette semaine.

Le reportage de Sheïma Riahi et Claude Lindor.

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Comme "un signe de retour à la normale"

Rentrée échelonnée également au lycée polyvalent du Mont-Dore. Après ses personnels la semaine dernière, il a commencé à retrouver ses élèves. "Le niveau première et les BTS ont repris ce matin", relate le proviseur, Maxime Jeandel. "Ça s'est plutôt bien passé. On a senti que les élèves étaient contents d'être là. Contents, je pense, d'un signe de retour à la normale." Après cette demi-journée d'accueil, les CAP suivront à partir de mercredi, puis ce sera les seconde jeudi et les terminales vendredi. Pas de cours pour l'instant, ils recommenceront la semaine prochaine, mais place à des temps d'accueil, d'échange et d'activité collaborative.

Le lycée reprend alors que son quartier de Saint-Michel connaît un contexte plus apaisé. Durant plusieurs semaines, blocages, heurts et opérations de maintien de l'ordre se sont succédé à proximité. Depuis, les barrages ont été repoussés plus loin. Quant à l'établissement en lui-même, il n'a pas été pris pour cible. Reste le principal obstacle : les entraves aux déplacements.

"Quasiment tous nos élèves ont des difficultés à venir"

"Nous avons eu 30 % des effectifs attendus ce matin", évalue le proviseur. "La plus grosse difficulté pour retrouver nos élèves, ce sont les problèmes de circulation et de transport." Il s'agit par exemple du lycée de secteur pour la partie Sud du Mont-Dore, desservie par une route unique qu'il est vivement déconseillé d'emprunter actuellement. Les inscrits - un demi-millier - peuvent aussi venir d'autres communes, pour des filières qui n'existent pas ailleurs. "Il n'y a pas de bus. Quasiment tous nos élèves rencontrent des difficultés à venir. Ceux qui n'habitent pas à proximité ou n'ont pas de parents pour les amener ne peuvent pas venir."

La même problématique pèse sur les quelque 150 agents et enseignants. "Globalement, on a retrouvé nos personnels mais ce n'est pas simple." 15 à 20 % habitent le Sud. Une partie vient travailler en navette maritime, avec toutes les incertitudes que cela engendre.