Des stèles en hommage à Roch et Scholastique Pidjot à la Conception

Les stèles sont installées devant la maison familiale du couple à la Conception
La Conception a rendu hommage aujourd’hui à deux enfants de la tribu, devenus deux figures emblématiques du pays. Roch Pidjot, l’un des pères du mouvement indépendantiste kanak, et son épouse Scholastique, née Togna, militante associative.
Beaucoup d’émotion ce samedi matin à l’occasion de cette journée d’hommage rendu à ce couple qui a servi de modèle à plusieurs générations.
Deux figures incontournables à la Conception, bien sûr, d’où ils sont tous deux originaires, et dont Roch Pidjot a été le chef coutumier.
Deux personnalités qui ont aussi marqué tout un pays.


Roch Pidjot, le premier député kanak

Roch Déo Pidjot, tout d’abord, en tant qu’homme politique. 
Décédé en 1990, à l’âge de 83 ans, ce fervent catholique (né en 1907 d’un père originaire de Pouébo et d’une mère d’origine européenne)  participe à la création de l’Uicalo (Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l’ordre) au moment où les Kanak obtiennent le droit de vote à partir de 1946.
C’est de là, en partie, que naîtra l’Union calédonienne, dont il fut le tout premier président et jusqu’en 1986, où il cède sa place à Jean-Marie Tjibaou.
Roch Pidjot fut surtout le premier député kanak de Nouvelle-Calédonie (et des Nouvelles-Hébrides) succédant à Maurice Lenormand au Palais-Bourbon de 1964 à 1986.
A ce jour, il est le seul élu indépendantiste mélanésien à avoir siégé à l’Assemblée nationale.
Pour Daniel Goa, le président de l’UC, il est « la personnification du slogan de l’Union calédonienne : Deux couleurs, un seul peuple. »
La première maison du couple à La Conception
 

Scholastique Pidjot, une femme engagée

Son épouse, Scholastique Pidjot, née Togna, disparue en 1984, s’est illustrée pour sa part par son engagement associatif.  
Elle est à l’origine du mouvement des femmes « Pour un souriant village mélanésien », connu notamment pour son implication dans l’organisation de Mélanesia 2000, le premier festival des arts mélanésiens organisé en 1975 à Nouméa.
Le nom de Scholastique Pidjot avait même été évoqué, un temps, pour baptiser le Médipôle de Koutio. 
« C’était une femme de caractère, très généreuse, qui n’avait pas peur des mots. C’était une femme visionnaire », estime Marie-Odile Wamytan, la vice-présidente d’un souriant village mélanésien, en faisant référence à son combat contre le fléau de l’alcool et son discours pour encourager la natalité kanak afin « que nous ne devenions pas minoritaires », précise Marie-Odile Wamytan.
 

Devoir de mémoire

En leur consacrant deux stèles, surmontées de deux bustes sculptés à leur effigie et réalisés par l’artiste Fred Fichet, le comité organisateur de cette journée entend « poursuivre ce devoir de mémoire collective », engagé il y a quatre ans déjà, quand ce comité avait confié au territoire les archives de l’ex-député et de sa compagne. 
« L’idée est de montrer le parcours de nos vieux aussi bien au niveau coutumier, politique, associatif que religieux. C’est un phare pour la jeunesse », considère leur petit-fils Jean-Rock Pidjot, petit chef de la tribu de la Conception.
Sur la stèle de Roch Pidjot, cette citation de l’ancien député en guise d’épitaphe :
« Je serai toujours à vos côtés. Mais c’est à vous maintenant de continuer la tâche et le chemin que nous avons tracé tous ensemble. » Autrement dit, un chemin vers l’indépendance dont il a été l’un des pionniers.
Une exposition retraçant le parcours de Roch Pidjot et Sholastique Togna-Pidjot est à découvrir ce samedi après-midi sur le site de cette commémoration.
Le reportage de Bernard Lassauce et Nicolas Fasquel 
©nouvellecaledonie