Affaire Pérès-Martinez jugée en appel : au soir du deuxième jour, le malaise de l’accusé

Au soir du mardi 4 avril, au deuxième jour de son procès en appel devant les assises, Olivier Pérès est allongé sur le sol près de la cour d’appel du tribunal.
Les débats devaient se prolonger tard dans la nuit, pour cause de visio-conférences avec Paris. Mais le deuxième jour de ce procès en appel devant les assises de la Nouvelle-Calédonie s’est achevé plus tôt que prévu, Olivier Pérès ne s’avérant plus en état de continuer.

Six heures, c’est le temps qu’Olivier Pérès aura tenu, durant le deuxième jour de procès en appel. Mardi soir, l’accusé chancelant, entendu à la barre, apparaît très fatigué. Il est examiné par deux médecins et une infirmière anesthésiste. Me Laurent Aguila requiert qu'il puisse quitter la salle d’audience et que les débats soient suspendus. La partie civile et le ministère public sollicitent que les témoins prévus par visio-conférence ce soir-là soient tout de même entendus, en son absence. Car ils ont rejoint Paris depuis l’ensemble du territoire national.

La présidente demande à Olivier Pérès son avis, lui propose de partir et de n’entendre que les témoins de la partie civile. Il répond qu’il aimerait être présent pour assister aux échanges. Me Aguila réclame haut et fort l’arrêt de l’audience. La cour suspend les débats. Vers 21 heures, Olivier Pérès est allongé sur le sol, en dehors du tribunal.

"Il n’en va plus seulement du procès équitable, mais de la vie d’un homme"

Selon nos informations, il est ensuite placé en observation à l’hôpital, dans un "profond épuisement physique", et "sous perfusion pour la nuit". "Olivier Pérès est incapable de supporter une audience après 20 heures, tout le monde en a été témoin", réagit Me Aguila. "Il était mourant, il y a seulement quatre mois !  L’expert n’a jamais été saisi de cette possibilité de visio-conférence nocturne, poursuit-il. La cour a même été jusqu’à proposer qu’il n’assiste pas aux dernières visios ce soir." Or, insiste l’avocat, "c’est son droit sacré d’assister à son procès. Il n’en va plus seulement du procès équitable, mais de la vie d’un homme."

"Deus ex machina"

Entendu plus tôt dans la soirée, là aussi à distance, le Dr Southwell déclare que l’accusé était sous l’emprise d’Eric Martinez. Pour l’expert psychiatre, aucun doute : "Une altération du discernement est constatée chez Olivier Pérès au moment des faits." D’autant que le jour du drame, le 13 septembre 2018, il n’a "quasiment pas dormi, durant quinze jours". Entre son travail, et la surveillance de son domicile la nuit, de crainte de voir son voisin tuer sa famille. Un décervelage en bonne et due forme, selon le Dr Southwell, qui a entraîné chez l’accusé une absence d’analyse critique de la situation.

L’expert revient sur les déclarations de l’accusé et celles de sa femme, Mathilde Pérès. Il estime que la victime avait une capacité importante à inventer des faits, il se décrivait comme un ancien colonel des services militaires spéciaux alors qu’il n’était que caporal chef. Mme Pérès croit que M. Martinez peut la protéger alors qu’elle suit un stage au Vietnam. Qu’il est capable de détourner des satellites. Elle semble "être à [sa] merci".

"Peur"

Mme Pérès finit par devenir sa maîtresse en rentrant en Nouvelle-Calédonie, se sentant délaissée par son mari. Notamment parce que celui-ci travaille trop. Après rupture avec son amant, le couple Pérès se remet ensemble. Pour le Dr Southwell, l’accusé a été alors animé d’une angoisse et d’une grande solitude. "Pour exorciser sa peur, il se munit d’une arme". Il est "intimement persuadé qu’Eric Martinez menace sa famille". L’expert déclare que "l’accusé souffre d’un stress majeur".

Le procès devait reprendre à 14 heures, ce mercredi. Avec l’audition de quatre témoins dont le docteur Jean-Louis Labbé, ami et mentor de l’accusé. Mais la façon dont s’est conclue la journée jette l'incertitude sur la suite.