Baignade interdite à Nouméa: le complexe de l'île aux Canards licencie et prépare sa fermeture

L'île aux Canards, à quelques minutes de bateau du littoral nouméen.
Elle engendre des conséquences en cascade, la longue interdiction de la baignade à Nouméa liée au risque requin. Pour la structure très appréciée qui anime l'île aux Canards depuis deux décennies, c'est comme un coup de grâce. A partir de ce lundi 20 mars, plus aucune activité ne sera proposée, annonce son responsable.

Sa plage de corail, son sentier sous-marin, son restaurant faré, ses sculptures, son brunch du dimanche, ses taxi-boats, ses fêtes... A quelques encablures du littoral nouméen, l'île aux Canards occupe une place particulière dans le cœur de nombreux Calédoniens. Mais la structure créée de toutes pièces par Thierry Rossignol il y a vingt-deux ans bat de l'aile sous l'effet des obstacles cumulés. La fermeture de la baignade, qui vient de s'avérer effective jusqu’au 31 décembre, résonne comme le coup de grâce, après la crise Covid, l'absence des croisiéristes, les difficultés économiques ou les intempéries répétées. 

Chant du cygne

L'île aux Canards a-t-elle entonné son chant du cygne ? Après la crise sanitaire, le complexe était déjà passé de trente à douze employés. Or, "ce matin, je viens de licencier trois personnes", a confié Thierry Rossignol dimanche 19 mars, à NC la 1ère. "Une autre partie suivra dès la semaine prochaine. On ne sait plus du tout quoi faire, comment se réinventer."

Thierry Rossignol annonce qu'il sera seul sur sa structure de l'île aux Canards à compter du lundi 20 mars.

"Les gens venaient pour se baigner"

L'homme revient sur les attaques successives de squale subies en ce début d'année 2023 à Nouméa."Depuis la première alerte aux requins, on a fait avec, en pensant que cette alerte et les décisions qui avaient été prises par la mairie allaient porter leurs fruits, et que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Mais les attaques ont été multiples, les incidents ont été très graves, et les décisions prises pour préserver la population font que depuis le 29 janvier, on n'a plus de clientèle. Les gens venaient ici pour se baigner." 

Refait la plage

Il y a pourtant cette impression d'avoir "tout essayé". "Après la grosse dépression qu'on a eue il y a une quinzaine de jours, on a refait toute la plage, parce qu'elle était détruite. On avait espoir que les activités reprennent donc il fallait que l'outil de travail soit en mesure de recevoir les gens. On l'a remis en état avec beaucoup d'espoirs, en attendant le 20 [mars] pour pouvoir réouvrir et voir la clientèle revenir." 

Poids financier

"On a fait tous les efforts possibles, répète-t-il. Ça fait maintenant plus d'un mois et demi qu'on n'a vu personne et au niveau financier, c'est quelque chose, pour nous, qui n'est pas possible de pouvoir être surmonté. Donc on est sur les prémices d'une fermeture." Les trois licenciements de ce dimanche correspondent à "trois postes que j'avais recréés après l'événement du Covid et l'année dernière, qui n'avait pas été facile. Mais les touristes revenant, la Niña partant, on avait beaucoup d'espoir pour cette année 2023. Ces attaques requins à répétition et les drames que ça a engendré ont fait que..." 

Le dimanche 19 mars à 16h, l'île aux Canards était déserte.

Peut-être des événements ponctuels

A partir de ce lundi 20 mars, il n'y aura plus d'employés sur l'île aux Canards, plus le service de bateau taxi qui était organisé par la structure et plus d'activité proposée. Thierry Rossignol envisage d'organiser des événements ponctuels. "Mais je n'ai pas les moyens de pouvoir entretenir ma masse salariale, c'est terminé. On a tout fait pour tenir, on a dépensé le peu d'argent qu'on avait pour maintenir l'activité, maintenir le personnel. Mais voilà, on est arrivés au bout."

Le reportage complet d'Aurélien Pol et Cédric Michaut :

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