Le poumon économique du pays a un nouveau capitaine à bord. Mais il n'arrive pas en terre inconnue. Rentré en Calédonie il y a un an, Brice Kiener remplaçait déjà depuis octobre 2022 Daniel Houmbouy à la tête du Port autonome, lui-même nommé directeur de la compagnie Aircal.
Originaire de la tribu de Hnaeu, à Lifou, le quadragénaire a écumé les mers avant de revenir à bon port. Ancien élève de l'école Centrale à Marseille, le jeune ingénieur, également diplômé en management de l'entrepreneuriat et de l'innovation, intègre finalement l'Ecole navale à Brest. Il se forme à la navigation sous-marine.
Sous-marins, porte-avions, frégate...
Une carrière militaire qu'il n'avait pas forcément imaginée -lui qui s'était "spécialisé dans la construction de plateformes pétrolières"- mais qui lui fera voir du pays. Gestions des sonars, mise en oeuvre des torpilles, conseils techniques... Les sous-marins, notamment nucléaires, n'ont plus de secret pour lui.
En 2018, il se retrouve commandant en second de la frégate Vendémiaire, basée à Nouméa. Avec plus de 100 marins à son bord, il conduit des missions dans toute la région Indo-Pacifique.
Puis sur le célébère porte-avion Charles-de-Gaulle, il participe à des opérations de l'Otan (organisation du traité Atlantique Nord), "notamment en Irak et en Syrie".
Croisière et commerce
Actuellement en détachement du ministère des Armées, Brice Kiener se familiarise depuis un an avec la fonction publique, depuis sa nomination en avril 2022, en tant que directeur adjoint du Port Autonome de Nouvelle-Calédonie.
Désormais directeur, sa "priorité" est de "redynamiser" le Panc, second port de croisière de France après Marseille et second port d'Outre-mer en volume (près de 5 millions de tonnes et 100 000 conteneurs manipulés chaque année) pour un budget de plus de 5 milliards de francs.
Une petite ville dans la ville, autour de laquelle gravite près de 1 000 emplois dans le secteur maritime et de la logistique, dont quarante-trois uniquement pour les agents du Port autonome.
Une feuille de route ambitieuse
Et les chantiers sont nombreux. Le Port a pour ambition de réaménager le terminal de commerce actuel, "en prenant en compte la transition écologique et la hausse du niveau de la mer", d'agrandir le grand quai, qui doit passer de 750 mètres à 1 kilomètre (le fameux "poste 8", véritable serpent de mer depuis des années), de créer un terminal de croisière... Mais aussi de draguer un chenal plus profond dans la grande rade pour permettre aux bateaux à plus forts tirants d'eau d'accoster à Nouméa.
Des recettes en baisse
Seul problème : les finances, elles, se tarissent au fil des ans. La taxe de péage, qui représentait la moitié des recettes du Panc, a été supprimée au profit de la TGC, bien moins rentable. Sans compter la somme de plus d'un milliard de francs, prélevée sur les réserves du Port pour redresser les finances de la Nouvelle-Calédonie en 2017 et 2018.
Après avoir été en très bonne santé financière pendant des années, le Port autonome a enregistré quatre exercices déficitaires. "C'est simple, quand on aura fini les travaux du Poste 8, on n'aura plus d'argent", alerte le nouveau directeur.
Et pour aborder ces nouveaux défis, Brice Kiener aurait d'ailleurs bien besoin d'un commandant en second à la barre. "Le Port, glisse-t-il, cherche toujours un directeur adjoint."