Crise requin : les effets sur le commerce

La "crise requin" fait aussi la part belle aux dispositifs anti-requins
Les dernières attaques de requins continuent d’avoir des conséquences sur les magasins et boutiques dont la mer est le fond de commerce. On parle d'une "crise requin" qui, après le business des locations de matériel de sport nautique, touche plus largement maintenant le marché des équipements de loisirs, poussant certains exploitants à adapter leur activité.

Vous voyez, on a typiquement des masques de plongée, des petits volumes, il y a l’effet miroir parce que les poissons n’aiment pas qu’on voit les yeux du chasseur”. Des accessoires dernier cri pour explorer les fonds marins, Gérard Bresson, commerçant, avait l’habitude d’en vendre à la pelle. Mais depuis la “crise requin” suscitée par les dernières attaques, il observe que certains de ses produits phares sont aujourd’hui délaissés par la clientèle.

Hantise

Le gérant de Marine corail est “certain que le comportement des personnes et des particuliers qui utilisent l’eau comme loisir, la plage, le bateau, a changé. Il y a manifestement, ajoute-t-il, une appréhension maintenant - qui est tout à fait naturelle - pour aller dans l’eau, dans notre beau lagon. Et c’est certain que ça a affecté nos ventes de palmes, masques ou tubas de façon classique. En revanche, la tendance est à la protection avec notamment des dispositifs électroniques pour repousser les requins." Ces dernières semaines, en boutique, Christophe Besson, le directeur général du magasin a constaté que les ventes de bracelets à ondes magnétiques ont été multipliées par vingt.

Tout ce qui est shark shield, sharkbanz, il y a un petit regain pour ce genre d’appareils parce qu’il y a toujours une volonté de rester sur l’eau, dans l’eau, sous l’eau et donc les clients souhaitent avoir des solutions pour continuer les pratiques, donc les ventes ont augmenté. Il y a des ruptures de stock.

Christophe Bresson - Gérant de Marine corail

Autre lieu, autre commerce, Freeride, spécialisé cette fois dans la vente d’équipements de sports de glisse. Ce matin-là, peu de monde en magasin pour profiter des soldes sur les planches de surf, de kite ou de wing. Un nouveau coup de massue pour le gérant Cédric Momy qui se remettait a peine des attaques mortelles de février et avril 2021. Il se rappelle avoir ”vraiment ressenti une psychose” et observé que “du jour au lendemain on a eu personne au magasin pendant deux mois”. Et au gérant de confier :

Malheureusement ce qui vient de se reproduire ne va faire qu’accentuer les choses. On pensait que les gens commençaient un peu à oublier mais dix-huit mois après ça se reproduit. Je pense que pour nous ce n’est pas une bonne chose et de moins en moins de gens se mettent aux sports nautiques par crainte du requin.

Cédrick Momy - Gérant de Freeride

Poussés à l'adaptation

Pour ne pas couler, Cédric Momy mise sur la diversification de ses produits. Dans le prolongement de sa boutique, il vient d’ouvrir un espace de glisse urbaine avec "tout ce qui est roller, surf skate ou trottinette pour pallier au manque à gagner avec les sports nautiques", parce qu’aujourd’hui ajoute-t-il "il est difficile de continuer à vivre avec les sports nautiques". "Une porte de sortie ou une aide pour ne pas mettre la clef sous la porte totalement", espère le commerçant. Enfin, il y a ceux qui tirent leur épingle du jeu. Sur le marché de la navigation de plaisance, on assure ne pas subir d’impact lié à la "crise requin". Dilan Mairan, commercial à Royal moto marine annonce que ses bateaux ont “déjà été vendus” et qu’il n’a “plus de stock”. Une offre qui peine à satisfaire la demande. Ces dernières semaines, ce magasin a vendu pour huit millions de francs de motos marine.

 

On se sent en sécurité sur un engin à moteur. C'est une petite motorisation sur l’eau, mais ça reste rapide à remonter dessus. C'est quelque-chose de sécuritaire.

Dilan Mairan - Commercial à Royal motors

La preuve d'une volonté d’aller au-delà du traumatisme et de reprendre le large. Oui mais dans un esprit de prudence accrue.

Regardez le reportage de Loreleï Aubry et Gaël Detcheverry :

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