Les drapeaux du FLNKS suspendus au chapiteau des contestataires peuvent faire penser de prime abord à une manifestation politique, mais il n'en est rien. "On ne fait pas de propagande, on met juste en avant les problèmes qu'on subit ici", assure Jason Thiama, le représentant des habitants du squat Soleil, situé entre Magenta et Ouémo.
Depuis quelques jours, les résidents ont investi le bord de route pour protester contre la procédure d'expulsion lancée à leur encontre. "L'huissier est venu nous voir avec un délibéré de justice le 17 février et nous avons un délai de trois mois pour quitter les lieux. Sinon, ils vont venir avec les forces de l'ordre, passer à l'action et tout casser", s'inquiète Jason Thiama, qui pointe ce qu'il estime être un vice de procédure.
"C'est notre tribu"
"On devait passer au tribunal le 24 mai 2023, puis on nous a dit que c'était reporté à juin. Quelques jours après, on nous a finalement informés que le jugement avait bien eu lieu le 24 mai", indique-t-il, qualifiant la décision de "jugement illégal, parce que nous n'étions pas présents".
"Cela fait plus de trente ans qu'on met en valeur cette petite parcelle de terre, on est la deuxième génération. Ici, c'est notre tribu. On vit en communauté et ça nous permet de subvenir à nos besoins à travers la terre. Quand on n'a pas d'argent, on mange ce qu'on a planté en terre comme les maniocs", poursuit le porte-parole des habitants. Une revendication de la parcelle a en outre été déposée par le GDPL Kandjo.
Pas de procédure en cours selon l'Adraf
Contactée, l'Agence de développement rural et d'aménagement foncier dit avoir répondu à la sollicitation du GDPL et reçu ses membres, sans ouvrir toutefois de procédure par la suite. "Pour nous, la demande est quasiment irrecevable car les personnes n'ont pas forcément de lien historique à cet endroit. Pour qu'une procédure aboutisse, une clarification doit avoir été faite au niveau des acteurs coutumiers et il faut que le clan en question soit historiquement reconnu comme étant en lien avec cette terre", nous explique un salarié de l'Adraf, ajoutant que la parcelle avait auparavant déjà été revendiquée par d'autres.
Une situation d'autant plus compliquée que le terrain de Yelos, qui s'étend sur plus d'un hectare, n'appartient pas à une collectivité mais à un investisseur privé par le biais d'une SCI (société civile immobilière).
Les résidents du squat Soleil n'en demeurent pas moins determinés à poursuivre leur mouvement. "On ne va pas se laisser faire, et si on doit le durcir, on le fera, quitte à bloquer la route", assure Jason Thiama, qui entend ainsi attirer l'attention du haut-commissaire, dont les habitants attendent une réponse à leur courrier envoyé il y a quelques semaines.