Un amphi presque complet pour un documentaire scientifique ? Vu mardi soir, sur le campus de Nouville, où était organisée une projection-débat en duplex avec Baco. Il faut dire que Nations of water provoque une réflexion sur le droit des populations et des Etats en Océanie. Le changement climatique, et la montée des eaux qui en résulte, s’avèrent plus que jamais une réalité.
Les nations insulaires du Pacifique sont en première ligne des effets du changement climatique. Mais comment en établir les responsabilités ? Quel statut juridique appliquer aux premiers réfugiés climatiques du XXIe siècle ?
Documentaire "Nations of water"
Le 52 minutes a été produit par l’université de la Nouvelle-Calédonie et le PIURN, “Pacific islands university research network”. Derrière ce film très collaboratif, qui date de 2022, une équipe notamment constituée de :
- Géraldine Giraudeau, professeure de droit public à l’université de Paris-Saclay, mais avant cela enseignante-chercheuse à l'université de Nouvelle-Calédonie.
- Valérie Baty, ingénieure pédagogique à l’UNC
- et Lynn Englum, "maître de conférences visiteur" à l'Institute for public knowledge de l'université de New York.
Que peut faire le droit ?
"Le droit peut fournir des outils", explique Géraldine Giraudeau, qui participait à la projection-débat. "Néanmoins, se pose la question de la temporalité. Tout cela prend du temps alors que la crise est urgente. Cela pose aussi des questions d’application concrète. On pourra, juridiquement, essayer de préserver la survivance d’un Etat. On sait, en pratique, qu’une population qui sera relocalisée sur le territoire d’un autre Etat, très probablement, va finir par perdre son identité, sa langue, parce que la transmission va devenir plus difficile."
"Un aperçu de notre vulnérabilité"
Ce documentaire à forte portée pédagogique s’adresse à un public large. Mais en particulier aux étudiants en droit du monde entier. Il informe. Il émeut, aussi. “J’ai pris le parti d’emmener ma fille ce soir, pour que ce soit plus concret pour elle”, confiait mardi soir une spectatrice. Mission remplie, à entendre la jeune femme : "Ça me donne un aperçu de notre vulnérabilité et je pense que je ne vais pas rester les bras croisés, vu que je vis ici. Je pense que je vais passer à l’action."
"Passer à l’action"
Sentiment d'urgence partagée par cette dame : "On va se retrouver à devoir réagir plutôt que d’anticiper comme on pourrait le faire et ça, ça m’enrage. Ça me crée beaucoup d’émotions, et de tristesse." Ou comme le dit cette adolescente : "Il y a forcément des îles qui vont disparaître, et tout. Se dire qu’on aurait pu agir avant… Maintenant, il faut passer à l’action, tout de suite ! Il ne va pas falloir attendre des années de plus."
Nations of water a été projeté à l’université de New York, à Singapour, à Valence, à Nantes, à Paris-Saclay, à Nashville, au Mans. Et rendez-vous jeudi 25 mai à 18 heures, heure de l’Hexagone, à l’Inalco, l'Institut national des langues et civilisations orientales, à Paris.