Sortir la jeunesse des quartiers populaires, pour développer des bassins d'activité, avec l'aide de "grands frères". C'est l'ambition de l'association Action génération NC, qui a présenté son projet Mana all, samedi 14 décembre, à Nouméa. AGNC porte tout un parcours destiné à éloigner des jeunes des mauvaises fréquentations et de la violence, pour les accompagner vers un avenir meilleur.
Approcher différents métiers
Il part des quartiers sensibles. Puis passe par l'îlot Freycinet, niché tout au bout de Ducos. Ce parcours intitulé Ho'oponopono ("recréer l'ordre universel", en hawaïen) vise la formation et l'insertion. “Ici, c’est onze secteurs d’activités différents et une quarantaine de postes", présente Cédric Devaud, qui s’occupe de la partie finances.
Quand le gamin va venir du quartier, il va pouvoir goûter à tout. Le lundi, faire de la boulange ; le mardi, faire de la transformation parce qu’il y a une petite unité de transformation animale; le mercredi, aller faire la culture…
Cédric Devaud, fondateur de l'association AGNC
Issu du vécu
Mana all repose sur un système d’entraide entre un “grand frère”, connu dans les quartiers, qui va pousser son “petit frère” de l'avant. Explications avec Mickaël Lancette, l'un des instigateurs. "Je suis issu des quartiers sociaux. J'ai quitté chez moi à l'âge de onze ans. J'ai commencé à dormir dans la rue, avec la bande. C'est là que j'ai vu l'influence négative des grands frères, qui demandaient de faire des choses contre-productives : va voler une voiture, de l'alcool, de l'argent… Voilà, les grands frères qu'on a eus." Lui, veut désormais inverser la tendance.
"Je n’ai fait qu'entrer et sortir de prison"
Simane vient de rejoindre l’association. Habitant de Tuband, il voit dans Mana all une passerelle entre des mondes totalement différents. "Je viens de sortir de prison. Je n’ai fait que ça dans ma vie : entrer, sortir, entrer, sortir… Beaucoup de personnes me suivent par rapport à mon histoire, mon "CV", dans les bêtises. Nous, on voudrait rassembler les personnes aussi dans la construction du pays, des choses bien."
J’ai grandi dans la haine. Pour moi, c’est une solution, notre projet.
Simane, membre de l'association AGNC
Au-delà des "erreurs passées"
Le projet Mana all, en phase pilote, concerne pour l'instant une quarantaine de jeunes issus de Rivière-Salée et de Tuband. L’îlot Freycinet a l’eau courante et l’électricité. L’idée est de réussir à y vivre de l’économie sociale et solidaire. À terme, les nouveaux entrants seraient actionnaires et participeraient à leur tour. Sur la page Facebook du projet, le rêve est résumé : "Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où ces jeunes ne sont plus perçus à travers leurs erreurs passées, mais comme des citoyens responsables."
Jules Tufele, autre acteur de la démarche, le formule en d'autres mots. “À l’époque, l'îlot servait de quarantaine pour les malades et on s'est dit que c’est une sorte de maladie, qu’on a dans les quartiers. Ce programme, cet îlot, c’est un peu le centre hospitalier pour guérir tous ces malades.”