TÉMOIGNAGES. "A Noël, on mange comme tous les jours" : au squat de Nouville, les fêtes de fin s'annoncent difficiles

"On a une bonne entente avec tous ceux qui vivent ici, c'est comme si on vivait chez nous dans les tribus", raconte Sabrina, habitante du squat de Nouville.
Pour les 80 familles du squat de Nouville à Baie de Nou, les fêtes de fin d’année s’annoncent difficiles. Même si les mamans ont organisé un bingo pour offrir des cadeaux aux enfants, les difficultés quotidiennes pèsent.

C'est jour de bingo. Les mères de famille se sont concertées, pour aider les familles qui ne peuvent pas régler la facture du point d'eau, installé grâce à l’association Baie de Nou. En ce mois de décembre, c'est aussi l'occasion de financer l'achat de présents pour les petits.

"Les années précédentes, il y avait du bonheur. Mais là avec le 13 mai, pour moi, Noël c'est un peu du gâchis. Ça reste Noël, mais pour les enfants", partage Edmond, qui vit à Nouville depuis 20 ans.

Chaque famille apportera le repas à partager

"Ça va faire trois ans que je suis ici, raconte Ingrid, mère de famille. Notre problème, c'est l'eau. J'habite en hauteur, et pour chercher l'eau, je dois venir jusqu'ici. Notre président [de l'association Baie de Nou] fait beaucoup d'efforts pour qu'on ai chacun notre conduite d'eau. Il nous aide tous les jours, parce qu'ici c'est difficile. On a toujours besoin d'aller chercher à manger par ci, par là, trouver quelque chose pour se nourrir. Surtout qu'on a plein d'enfants ici. Des fois on a des bons. Pour s'entraider, nous les mamans, on a fait une petite cagnotte pour aider nos enfants, ici, à faire leur petit Noël, pour leur faire plaisir."

Lire aussi : Un comité de gestion de l'eau au squat de Nouville

"Ce que j'aime à travers nous, les mamans d'ici, c'est qu'on est vraiment solidaires, malgré les hauts et les bas, apprécie Marguerite. On prévoit de manger tous ensemble, avec les enfants, les parents [le soir de Noël]. Chaque famille apportera le repas pour partager entre nous. Et on espère avoir un père Noël qui viendra donner des cadeaux à nos enfants (rire)."

"On vit dans le besoin ici"

Sabrina habite avec son mari au squat de la Baie de Nou depuis cinq ans. "Je suis une fille du nord, de Ponérihouen. Avant je vivais à la tribu, mais j'avais des problèmes chez moi, alors je suis venue ici avec mon conjoint. On a cherché un endroit, on a trouvé et commencé à construire. C'est une vie qui était dure ici, on avait du mal à se nourrir. On a une bonne entente avec tous ceux qui vivent ici, c'est comme si on vivait chez nous dans les tribus."

Pour elle comme pour les autres familles, les enfants passent avant tout. "On a du mal avec les enfants parce qu'ils veulent manger des bonnes choses, mais c'est difficile de [les] payer, parce qu'on ne travaille pas. Normalement on a un repas [de fin d'année] organisé par le président de l'association de Baie de Nou, juste pour manger ensemble, parce que nous, on n'a pas la Noël comme les autres personnes. À Noël, on mange comme tous les jours. Nous, on vit dans le besoin ici."