Un comité de gestion de l'eau au squat de Nouville

Réparation de la fuite sous l'oeil d'un habitant du squat
Accéder à l’eau potable lorsque l’on vit en squat en Nouvelle-Calédonie, un véritable casse-tête. C'est ce qu'a mis en lumière la mobilisation des habitants du Caillou bleu, entre Nouméa et Dumbéa, privés d’eau du robinet depuis six ans en raison d’une dette astronomique. Une dette déraisonnable, c’est ce que veut éviter la cellule « eau pour tous » de la Calédonienne des eaux. Elle vient en aide aux associations d’habitants pour répartir les factures et éviter les fuites, principaux facteurs de non-paiement.

Jean-Robert est technicien de la Calédonienne des eaux. Ce matin-là, il aide Alfred et Robert, deux habitants du squat de Nouville à Nouméa, à localiser une fuite. Son rôle normalement est de conseiller, pas de réparer, mais lorsqu’il le peut, il n’hésite pas, comme il le dit, à donner un petit coup de pouce : "Je suis en train de réparer la fuite d'après compteur, malgré que ce ne soit pas de notre ressort. Je me mets à leur place. Ça fait mal".

Une année sans eau

Pendant un an, ce squat de Nouville a été privé d’eau. La faute à des impayés ! Alors, une partie des ses habitants a créé il y a deux mois une nouvelle association, le Comité d’aide d’urgence, pour prendre en main la gestion de l’eau. Robert, son président s’est retroussé les manches. Grâce à lui et d’autres membres très impliqués, le miracle a eu lieu il y a un mois. "On a à nouveau l'eau depuis juste avant les deux semaines de vacances d'août", dit-il avec soulagement avant d'ajouter :"Un an sans eau, c'est dur". Dur, voire très dur, comme pour cette jeune maman de trois enfants en bas âge, qui n’a pas de véhicule et qui, du coup, voit son quotidien changer : "On était obligé de prendre le bus pour aller chez la famille. On remplit nos bouteilles. On lave notre linge. C'est pour ça qu'on est content depuis qu'ils ont remis l'eau".

Si le squat est à nouveau alimenté, c’est aussi parce qu’il a bénéficié de l’aide de la Calédonienne des eaux, à commencer pour la gestion des factures, le domaine d’Alfred, qui se dit satisfait du résultat :

Ça nous apporte beaucoup en termes de transparence et en termes de chiffres et on travaille beaucoup avec eux pour pouvoir déterminer les solutions pour qu'on puisse payer ces fameuse dettes.

Alfred, secrétaire du Comité d’action d’urgence

Gérer en collaboration

Eviter l’accumulation de dettes en aidant les associations à mieux gérer la répartition des factures, mais aussi en prévenant les fuites. Celle sur laquelle techniciens et habitants travaillent depuis ce matin a été détectée par la CDE qui a aussitôt alerté l’association. Mina Reniez, la responsable du service « eau pour tous » : "S'il y a une fuite de 1 000 m3 en quinze jours, c'est de l'eau qui est perdue et qui n'est pas consommée et donc ce n'est pas normal de laisser des familles qui ont déjà des difficultés à payer des factures normales, payer des factures de fuites". Ce travail de veille est d’autant plus important que ces canalisations, qui s’étendent parfois sur plusieurs kilomètres, sont rarement posées par des professionnels.

Le reportage de Charlotte Mannevy

Comité de gestion de l'eau au squat de Nouville