Assises: coups mortels à Païta, une soirée karaoké qui vire à la bagarre

La cour d'assises de Nouvelle-Calédonie
Devant la cour d’assises de Nouvelle-Calédonie s’ouvre ce mardi, un procès pour coups mortels. Deux jeunes hommes sont accusés d’avoir provoqué la mort d’un trentenaire, le 22 mai 2021 dans la commune de Païta. Le procès est prévu sur deux jours.

Ils sont âgés de 21 et 24 ans. Les accusés doivent répondre de violences commises en réunion ayant entraîné la mort d’un individu sans intention de la donner.  

Lors de ce procès pour coups mortels en réunion, la salle de la cour d’assises est pleine de monde. La famille de la victime et les familles des accusés s'y côtoient.

Une bagarre nocturne éclate sur fond d'alcool

Le soir du 21 mai 2021, une soirée karaoké est organisée au restaurant « le Rivland ». Plusieurs personnes consomment de l’alcool sur le parking de l’établissement.

Un autre groupe d’individus est également présent. Avec leurs véhicules, ils ne cessent de faire des allers-retours entre le restaurant et un quartier de Païta.

Ce ballet de voitures devient de plus en plus bruyant. Cela finit par agacer le premier groupe de personnes. L’une d’entre elles, jette une canette de bière sur un des véhicules. Peu après, ce groupe quitte les lieux. Mais la voiture de la victime est bloquée par les accusés. Et là, tout s’enchaîne. Une rixe éclate. 

Le 22 mai 2021 à 3 heures du matin, la compagnie de gendarmerie de Paita est appelée. Quinze individus se trouvent devant le magasin « les Briconautes ». Les forces de l’ordre y découvrent le corps de la victime : un homme âgé d’une trentaine d’années, décédé suite à un traumatisme crânien provoqué par des coups assénés à la tête. 

La personnalité des accusés exposée au jury

Interrogés mardi matin devant la cour, les deux accusés expliquent leurs parcours de vie. Cette matinée a permis de cerner la personnalité des accusés. 

Me Martin Calmet défend un des accusés qui est placé sous contrôle judiciaire.

Il souligne l’exemplarité de son client : "on n’est pas habitué à avoir des accusés de ce genre devant les Assises. Il est sérieux, travailleur et responsable de sa famille. Son casier judiciaire est vierge ".

"Tu es quelqu’un de droit ? " demande Me Calmet à son client. " Oui ", lui répond l’accusé.

Le deuxième accusé avec Me Martin Calmet.

Le second accusé, représenté par Me Patrice Tehio, est placé sous bracelet électronique. A la barre, il décrit sa vie comme étant difficile. Il tente de s’en sortir en cumulant des petits boulots, tout comme le premier accusé. Le jeune homme déclare "ne pas se laisser faire mais il est toujours là pour sa famille".

Son avocat, Patrice Tehio, l’interroge sur ses valeurs familiales. L’accusé répond qu’être franc, sincère et honnête, sont des qualités importantes pour lui. 

Le jeune homme reconnaît avoir des problèmes de gestion de sa colère. Il admet que par moment, il se montre menaçant, voire violent.

Un des deux accusés avec Me Patrice Tehio.

La présidente de la cour d’appel déclare que sa consommation de cannabis ne fait qu’aggraver ce comportement agressif, tel que "mettre de l’huile sur le feu." 

L’avocat général, Philippe Faisandier s’interroge sur le manque de réaction de l’accusé au sujet des différents incidents liés à son bracelet électronique.

L’avocat général : Philippe Faisandier.

 

Comment la victime a-t-elle reçu des coups mortels ?

L'après-midi du procès a été marquée par des dépositions spontanées des témoins et des proches des accusés.

À la barre, l’un des plus jeunes protagonistes à avoir participé au drame. Au moment des faits, le 22 mai 2021, il était mineur et n'avait pas le permis de conduire. ll raconte qu'il dérange un groupe de personnes positionné sur un parking de la zone industrielle et commerciale de Païta Sud. C'est alors qu'une canette de bière est lancée sur la voiture. Celui-ci alerte son frère aîné, un des deux accusés. Tout s’enchaîne alors : ils provoquent une rixe avec le groupe d’individus à l’origine du jet de la canette de bière. L’accusé, qui a frappé en premier la victime, déclare à la barre qu’il a asséné un seul coup, et indique que c’est l’autre accusé qui a frappé la victime à la tête, alors qu’il était au sol. 

Auditionnée par la cour d’assises, la compagne du deuxième accusé déclare que son conjoint a frappé la victime après avoir été lui-même bousculé. Ils ont échangé des coups et la victime a fini par tomber au sol. À ce moment-là, selon elle, l’accusé recule, il est choqué. La suite des événements reste encore floue. La compagne indique également que son conjoint était au "mauvais endroit, au mauvais moment."

Selon nos informations, recueillies auprès d'un proche du premier accusé, celui-ci rejoint les déclarations de la présidente de la cour d’assises: « la réaction des jeunes était disproportionnée pour un si petit préjudice.»