Une cousinade pour s’assurer du vivre ensemble

Elle symbolise un désir de paix et de reconnaissance mutuelle. La tribu de Nekliai, à Poya, accueillait ce week-end une cousinade où se sont retrouvées les branches européennes et kanak d’une même famille. 

L’histoire de leur famille est mouvementée, à l’image de celle de la Nouvelle-Calédonie. Mais samedi 26 juin, jour anniversaire de la signature des accords de Matignon, des représentants des familles Routier de Granval, Mercier, Saminadin et leurs alliés se sont rendus à la tribu de Nekliai. En 1870, c’est de là que l’une de leurs ancêtres, fille du grand chef, est partie pour aller vivre avec un colon installé dans la région.

Branches séparées

L’époque est troublée et la grande révolte kanak de 1878 durement réprimée par l’administration coloniale, au point que les alliances nouées entre les familles sont passées sous silence au point de disparaître de la mémoire collective.

A l’occasion de cette cousinade, un monument à la mémoire des grands chefs a été érigé et l’existence de la branche européenne reconnue.  "Le 26 juin jour de l’anniversaire des accords, on est rentrés dans le clan. On est reconnus à l’intérieur. Dans cette période, c’est très important", lance Jean-Luc Chambault. "On est fiers d’appartenir à cette famille", renchérit Georges Mercier.

Renouer avec son histoire

Cette journée de partage a permis à chacun de renouer avec une partie de son histoire et surtout de la regarder sans honte. "C’est la même famille, et j’aimerais qu’en Calédonie on ne se cache pas derrière quoi que ce soit. Aujourd’hui Poya a montré l’exemple, ailleurs on devrait montrer l’exemple aussi", lance Maxime Nékiriai, président du district de Muéo Poya.
Devant la stèle érigée pour l’occasion devant la maison commune, la parole des orateurs s’est accordée pour apaiser la mémoire douloureuse. "C’est comme un voilier qui revient à son port d’attache", a dit l’un d’entre eux.
 

Le reportage de Gilbert Assawa et Brice Bachon :