Lundi matin, dans une petite rue du Pont-des-Français, au Mont-Dore. Ludmilla Taaviri est en chômage partiel. L’entreprise pour laquelle elle travaille ravitaille les centres miniers et depuis le 13 mai, l’activité a connu des hauts et des bas. Des bas, surtout…
"Lorsque les événements du 13 mai ont éclaté, j'étais en vacances à Fidji, raconte cette mère de famille de 37 ans. Avec la fermeture de l’aéroport, je n’avais pas de solution. C’est la famille de Tahiti qui m’a aidée". Hébergée en Polynésie, elle a patienté deux semaines supplémentaires, en congé sans solde, avant de rejoindre le Caillou et ses trois enfants le 3 juin.
A son retour, l’activité est quasiment inexistante et les équipes passent très vite en chômage partiel.
Anticiper pour le bien de ses enfants
"Je voyais que les centres miniers fermaient, que la direction ne tenait pas de discours positif et, comme je suis quelqu’un qui anticipe beaucoup, j’ai décidé de rendre mon appartement." Pour le bien de ses enfants, elle prend donc les devants et va frapper à la porte de ses parents. Ils hébergent déjà son frère mais n’hésitent pas une seconde.
"Notre réaction ? Pas de souci, tu viens, résume Noémie, la mère de Ludmilla. On essaie de faire de la place et on fait avec". Ludmilla a vendu des affaires, empilé des cartons sur le côté de la maison, ajouté des cordes à linge sur la terrasse et organisé le couchage. Sa fille aînée, 16 ans, dort dans le salon, son fils de 14 ans a rejoint son oncle dans l’une des chambres de la maison et la petite dernière, 8 ans, partage celle de sa mère.
"On a un placard divisé en trois pour ranger nos affaires. Et puis, dans le salon, il y a les bacs de mes enfants, ce qui n’est pas très pratique… Leurs affaires d’école, leurs vêtements…"
Privilégier les circuits courts
Pour faire face à la crise, Ludmilla a aussi très vite changé ses habitudes de consommation. Terminées, les grandes surfaces ! Elle a même du mal à se souvenir de ses dernières courses ("début septembre, peut-être ?") : la mère de famille se met aux circuits courts, aux ventes en direct et aux groupes d’entraide et de solidarité sur Internet.
"Je fais maintenant 80 % de mes achats sur les réseaux sociaux, sur les pages de bons plans, sur des groupes privés…" Pour les fruits et légumes, elle est à l’affût. Ludmilla guette les messages d’agriculteurs qui descendent de Brousse avec leurs productions à des prix intéressants.
Concernant la viande, là encore, elle va au plus direct. "Pour le porc, j’appelle ma belle-sœur. Sa famille a une porcherie et des prix vraiment raisonnables. Et j’ai la chance d’avoir aussi des amis chasseurs avec un grand cœur. Je les aide à la préparation et à la mise en poche, et ils me donnent de la viande de cerf toute découpée."
S'il n'y a plus, pour l'instant, les gateaux favoris des enfants pour le goûter, ils continuent d'avoir des repas complets, équilibrés et variés. Ludmilla y met un point d'honneur. Et à en croire Tehana, 8 ans, sa maman réussit a maintenir un bel équilibre : "y'a rien qui a changé", estime la petite fille. J'aime ma vie, je veux rester ici".