Les travaux d'intérêt général, ce dispositif précieux et efficace

Exemple de travaux d'intérêt général à Nouméa, en 2022 : de jeunes "tigistes" nettoient les espaces verts de l'ancienne boulangerie du bagne, à Nouville.
Quarante ans que les travaux d’intérêt général se développent. Né d’une loi de juin 1983, le dispositif a été porté par Robert Badinter. S’il est en repli dans l’Hexagone, le dispositif s'avère de plus en plus utilisé en Nouvelle-Calédonie. Une alternative aux peines d’emprisonnement de moins de six mois.

Les TIG ont quarante ans. Afin de saluer cet anniversaire, un séminaire a dressé le bilan des travaux d'intérêt général, mercredi 19 juillet, au tribunal de Nouméa. + 40 % de TIG en 2022, 600 personnes actuellement dans le dispositif… En Calédonie, il représente une véritable alternative à l’incarcération.

Surpopulation carcérale et risque de récidive

Pour les magistrats, la surpopulation en prison incite à se tourner vers des solutions comme celle-ci. D’autant que l’expérience en prouve le bénéfice.

C'est une peine qui a du sens, ça va être du travail pédagogique, du travail collectif et qui tend à la réinsertion parce qu'on sait que la peine d'emprisonnement, en elle-même, peut engendrer de la récidive.

Bénédicte Rioux, juge d’application des peines en charge des personnes non incarcérées

Un TIG peut aller de vingt à 400 heures. Mais pour la magistrate, l’efficacité réside d'abord dans la mesure. "En moyenne, j'ai tendance à convertir en 120 heures, 180 heures, ce qui est à mon sens une bonne durée pour que la peine ait du sens."

Réussite

Le directeur du Service pénitentiaire d'insertion et de probation confirme, au micro d'Angela Palmieri et Carawiane Carawiane

C'est une réussite. On sait qu'une personne sur deux qui a une courte peine d'emprisonnement repassera devant les tribunaux. Pour les peines alternatives, dont le travail d'intérêt général, ce ratio diminue très nettement, à moins de 30 %.

Lionel Lecomte, directeur du SPIP

©nouvellecaledonie

Bénéfique pour l'insertion

Le travail, non rémunéré, s’effectue notamment dans les collectivités ou les associations agréées. Depuis février, Active, l’Association calédonienne par le travail et l’insertion vers l’emploi, dispose de son agrément. Une continuité de ses missions :

Favoriser l'insertion de tout le monde qui serait en décrochage avec la société dans laquelle on vit actuellement. On a reçu 47 "tigistes" pour pas moins de 4 900 heures de réalisées.

Laurent Borel, président de l'association Active

 
Entre "tigistes" et apprenants de l’association, aucune différence n’est faite, et le bénéfice est collectif. "Une exemplarité à l'application des tâches et au respect des horaires, aucune distance, aucune différenciation avec les jeunes qui sont en insertion et des fois même, des postures qui sont intéressantes parce que les tigistes peuvent avoir l'attitude du grand frère qui en a fait trop et qui n'aurait pas dû", explique-t-il. Active cherche déjà à pouvoir faire plus, avec un objectif : contribuer à dépasser la sanction et à éviter la fracture sociale.  

Séminaire au tribunal de Nouméa pour les quarante ans des TIG.

La voie ouverte au TIG routier

En quatre décennies, les travaux d'intérêt général ont évolué et prouvé leur valeur. Jusqu’à contribuer à la lutte contre la délinquance routière. Le TIG routier a débuté cette année, avec une première session en mars. NC la 1ère en a rencontré un participant. Jordan a 27 ans. Il part à pied au travail. Son permis lui a été retiré. En cause, plusieurs infractions de la circulation et un comportement au volant qu’il sait désormais qualifier : “Conduite à risque. Beaucoup de conduites en état d’ivresse qui m’ont conduit à arriver jusqu’à la chargée de probation, qui était un peu la dernière chance.” 

Le SPIP lui propose d’effectuer un "travail d’intérêt général pédagogique délit routier". Une semaine d’ateliers et d’échanges avec magistrat, policier, chef adjoint de la fourrière, pompier, addictologue et psychologue. Pour Jordan, c’est le déclic. 

Choc à la fourrière

Le SPIP, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation, lui propose d’effectuer un "travail d’intérêt général pédagogique délit routier". Une semaine d’ateliers et d’échanges avec magistrat, policier, chef adjoint de la fourrière, pompier, addictologue et psychologue. Pour Jordan, c’est le déclic. 

Quelque chose qui m’a marqué : la fourrière intercommunale, avec ses voitures écrasées. C’est assez choquant de se dire : notre conduite, à nous, à risque, peut amener à ce genre d’accidents, que ce soit pour nous tuer nous ou tuer quelqu’un d’autre en face.

Jordan, "tigiste" routier

Autre exemple à Thio. Jusqu'au 21 juillet, un chantier de grande ampleur se déroule au musée de la commune. Il s’agit de construire des fours à pain et de fabriquer une forge. Ce chantier est destiné aux personnes ayant un parcours de réparation pénale, des jeunes suivant des travaux d’intérêt général, et des jeunes placés par la DPJEPJ, la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. 

Réinsertion et valorisation du patrimoine

Autre exemple à Thio. Jusqu'au 21 juillet, un chantier de grande ampleur se déroule au musée de la commune. Il s’agit de construire des fours à pain et de fabriquer une forge. Ce chantier est destiné aux personnes ayant un parcours de réparation pénale, des jeunes suivant des travaux d’intérêt général, et des jeunes placés par la DPJEPJ, la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. 

Les explications de Marguerite Poigoune.