Sébastien Meier a retrouvé le sourire. Dès l’annonce du gouvernement, le 18 mars, le téléphone de ce responsable commercial dans le bâtiment s’est remis à sonner.
Au bout du fil, les clients le questionnent sur les conditions d’éligibilité à ces nouvelles mesures de déduction fiscale. "Ils veulent des précisions, savoir si telle ou telle partie de travaux est déductible…"
Présent au Salon de l’Habitat déco, qui se déroule du 21 au 23 mars, sur la presqu’île de Nouville, à Nouméa, Sébastien Meier constate l’engouement suscité par cette décision gouvernementale. "Presque une personne sur deux y a fait allusion."
Deck et piscines
La liste des travaux déductibles a été élargie et elle concerne tous types d'habitation, même si la terminologie fiscale fait référence à des "immeubles".
Pour tous les biens immobiliers sans condition d’ancienneté, cette mesure s'applique aux chantiers de réparation, de ravalement et d’amélioration sur des locaux externes à l’habitation. Le gouvernement donne quelques exemples dans son communiqué :
- Rénovation et entretien des decks extérieurs (ponçage, lazurage) et des bungalows.
- Travaux sur des structures annexes telles que farés, abris extérieurs, clôtures et piscines.
- Pose d’éléments décoratifs intégrés tels que frises, miroirs, corniches.
Un plafond rehaussé
Pour les habitations de plus de deux ans, sont éligibles les travaux d’agrandissement, d’entretien et de revêtement qui incluent :
- La construction ou l’extension d’un deck extérieur, d’une piscine ou de tout abri extérieur (faré, pergola…).
- Les travaux de revêtement, de rénovation et d'entretien des bâtis extérieurs (bungalows, carports, clôtures, murs de soutènement, revêtements de voie d’accès, etc…)
Cette nouvelle liste de travaux est applicable dès la déclaration d’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) de l'année 2024. Jusque-là limité à 2 millions de francs par an, le plafond global des dépenses déductibles est désormais rehaussé à 15 millions de francs, répartis sur les trois années fiscales (2025, 2026 et 2027).
Une "bouffée d’oxygène" pour le secteur
L’objectif de cette réforme est clair : elle "vise à encourager l’investissement des propriétaires tout en soutenant le secteur du bâtiment et des services liés aux travaux", précise le gouvernement dans son communiqué.
Pour Richard Huillet, le responsable de Construction nouvelle, c’est une véritable bouffée d’oxygène. "On a le cas concret d’un client qui nous avait commandé des travaux. Et le lendemain de l’annonce du gouvernement, il nous a confirmé qu’il voulait faire les travaux complémentaires d’aménagement de salle de bains."
Durement frappés par la crise du 13 mai, qui avait mis un coup d’arrêt brutal à leur activité, les professionnels du bâtiment espèrent que leur carnet de commandes se remplira plus vite avec ces mesures d’incitation fiscale.
Avantageux pour le secteur de la construction, le dispositif soulève néanmoins une question. Ces déductions d'impôts sur le revenu représenteront-elles un manque à gagner pour les recettes fiscales du pays, déjà très fragiles ? Difficile de répondre. Le gouvernement n'a pas livré d'études pour évaluer les conséquences qu'auront de telles mesures sur le budget.
Le reportage télé de Caroline Antic-Martin et David Sigal