Entre reggae, pop et kaneka, le Caillou regorge d’artistes aux styles différents. Certains sont chanteurs, d’autres auteurs-réalisateurs. Sur les plus de 1 300 personnes inscrites à la Sacenc, la Société des Compositeurs Editeurs de Nouvelle-Calédonie, 97 sont identifiées comme "créateurs de contenus musicaux". Cela va du clip à la captation live en passant par les émissions de variété.
Ces dernières années, tout cela semble s’essouffler. Il y a dix ans, une soixantaine était réalisée chaque année en Calédonie. Désormais, la Sacenc en recense à peine une dizaine par an. Une baisse logique selon Evariste Wayaridri, directeur de la Sacenc depuis bientôt 20 ans. "Les producteurs de contenus n’ont plus forcément les mêmes moyens. Un clip, c’est entre 500 000 et 1 million de francs. Les réalisateurs, les auteurs-compositeurs ne vont pas faire cet investissement s’il n’y a pas beaucoup de diffusion".
Une multi-diffusion qui rapporte peu
Car qui dit diffusion, dit droits d'auteurs, l'un des seuls revenus des artistes. Et force est de reconnaître que le contexte et les canaux de diffusion ont énormément changé. "On est dans contexte de multi-diffusion, explique Evariste Wayaridri, mais pour autant, les réseaux sociaux n’ont pas vraiment remplacé la télé, ni même la radio. En termes de droits d’auteurs, sur les réseaux sociaux, la monétisation est quasiment ridicule. Par contre, lorsque l’artiste est diffusé à la télé, à la radio, il y a un intérêt énorme pour lui".
Au-delà de l'argent qu'il peut rapporter, le clip reste pourtant un élément clé dans le parcours d’un artiste. "On est désireux qu’on s’intéresse plus au projet artistique, martèle le directeur de la Sacenc. Un clip doit avant tout être là pour porter un projet de CD, pour porter une tournée, pour porter un projet de concert".
Pour la Sacenc, c’est un triste constat de ne plus voir autant de clips qu’auparavant. Un divertissement populaire qui permet de renforcer sa popularité, en local comme à l’international. "Pour pouvoir construire son projet artistique, l’artiste a besoin d’être visible. On ne peut pas être visible ailleurs si on est pas visible ici en Nouvelle-Calédonie, c’est ce qu’on rabâche tout le temps".