Les réactions après la lettre ouverte de Daniel Goa

Le président de l’Union calédonienne a critiqué la gestion de la crise du coronavirus en Calédonie et demande officiellement le renvoi du haut-commissaire Laurent Prévost et du commandant des FANC. Une prise de position qui fait réagir, à commencer par le premier concerné. 
[MISE À JOUR]
La lettre ouverte aux Calédoniens de Daniel Goa suscite ce mardi des réactions politiques. Le président de l’UC dénonçait la remise en cause selon lui de l’Accord de Nouméa par la gestion conjointe de la crise du coronavirus par le gouvernement calédonien et l’Etat. Et de demander le départ du Haut-commissaire et du patron des FANC. 
 

« Rétablir la vérité des faits » pour le Haut-commissariat

Mis en cause par Daniel Goa, Laurent Prévost a réagi en fin de journée ce mardi. Il indique avoir pris connaissance « avec regret de la lettre ouverte » du président de l’UC, « car elle tourne le dos à l’unité qui a prévalu depuis des semaines dans la gestion de la crise sanitaire ». « Regret aussi au regard du contenu de ce document dont le seul but politique ne peut suffire à justifier les excès et les contre-vérités ».
Le Haut-Commissaire entend dans ce communiqué rétablir la vérité, notamment en ce qui concerne l’arrivée récente de 62 militaires. Un arrêté fixant un protocole sanitaire strict a été établi et est connu de tous indique le représentant de l’Etat. « Les 62 gendarmes mobiles arrivés le 17 mai au soir dans le cadre des relèves annoncées, sur un vol Air Calin, donc connu des autorités calédoniennes, ont été mis en quarantaine dès leur arrivée dans la caserne de la Tontouta ». 
Laurent Prévost rappelle aussi dans son communiqué les conditions de la gestion de la crise par toutes les autorités, en concertation. 
Sans en parler directement, le Haut-commissaire évoque à demi-mot pour terminer la demande de Daniel Goa de son renvoi en Métropole : « Le Haut-Commissaire poursuit pour sa part sa mission de représentant de l’État au service de la Nouvelle-Calédonie avec sérénité et détermination. Il le fait dans le strict cadre des responsabilités de l’État issues de l’Accord de Nouméa, dont l’État est un des signataires et donc un des garants.  Il demeure, pour sa part, toujours ouvert au dialogue avec l’ensemble des composantes politiques de la Nouvelle-Calédonie ».
Découvrez ci-dessous le communiqué du Haut-commissariat : 


Une entreprise de déstabilisation pour l’Avenir en confiance

Mais côté politique, les réactions commencent à se succéder, à commencer par l’Avenir en confiance. 
Sonia Backès, la présidente de la province Sud, qualifie ce courrier de « tissu de mensonges », pour « faire paniquer l’Etat à l’idée que la communauté internationale puisse imaginer, qu’il n’est pas neutre dans le processus d’autodétermination ». Elle dénonce entre autres, l’exclusion des 43 000 personnes du corps électoral, la clef de répartition confiscatoire qui prive 75 % de la population du Sud du produit de leur travail, de l’interdiction d’utiliser le drapeau de la République.
Elle rappelle qu’ « on ne gouverne pas par la peur », seulement en respectant le peuple, et en respectant les engagements des paroles de Jacques Lafleur et de Jean Marie Tjibaou, en allant jusqu’au bout du processus de l’Accord de Nouméa quelles que soient les difficultés rencontrées.
Sonia Backès répond à Bernard Lassauce et Claude Lindor 
©nouvellecaledonie

Découvrez le communiqué de l’Avenir en confiance 
 

Manoeuvre politicienne pour le Rassemblement LR

De son côté, Virginie Ruffenach secrétaire générale du Rassemblement Les Républicains déplore une manœuvre politicienne menaçante, à quatre mois du référendum.
Elle qualifie le courrier de Daniel Goa,  de « ritournelle », « lettre qui véhicule haines et peurs irrationnelles ». Elle reproche à Daniel Goa de politiser à outrance la crise sanitaire, objet de sa « provocation ».
Découvrez le communiqué du Rassemblement-Les Républicains 

Théorie du complot pour Générations NC

De son côté, Générations NC estime que « cette déclaration n’a aucunement l’intention d’améliorer la gestion de la crise sanitaire sur le territoire. Il s’agit purement et simplement d’une stratégie politique pré-référendaire ». Le parti demande à l’Etat et au gouvernement de s’exprimer « avec la plus grande transparence sur les accusation du président de l’Union Calédonienne de manière à rassurer le peuple calédonien ».
Découvrez le communiqué de Générations NC 

« Consternation » du côté des magistrats de la cour d’appel

La justice également réagit à la lettre de Daniel Goa par le biais du premier président de la cour d’appel de Nouméa, Gilles Rosati, et du procureur général James Juan.
« Les chefs de cour ne peuvent laisser accréditer l’idée que la lutte contre la délinquance ne se ferait qu’aux dépens d’une partie de la population de Nouvelle-Calédonie, mettant ainsi injustement en cause l’impartialité de l’autorité judiciaire » écrivent les magistrats qui parlent de « mise en cause de l’action de la justice outrancière et infondée ». 
Découvrez le communiqué de la cour d'appel : 

La réaction de l’Union syndicale des magistrats 

L’USM réagit à son tour ce mercredi 20 mai pour déplorer les propos de Daniel Goa et soutenir le procureur de la République. Un communiqué à lire ci-dessous. 

Le point avec Bernard Lassauce et Claude Lindor 
L'UC demande le renvoi du Haut-Commisssaire, les réactions politiques